Nous voici au port de Boulogne, comme sur le sein d’une femme de caractère qu’on a laissé s’endormir depuis plusieurs dizaines d’années.
Par temps lourd, l’air se charge d’odeurs de poisson pané…
Cette femme respire encore…
Enfant, je croyais que la chanson Chacun fait c’qui lui plaît désignait cette ville côtière du Pas-de-Calais.
Pendant qu’ Boulogne se désespère j’ai d’quoi m’remplir un dernier verre..
La chanson fait référence à une parole de Sartre sur Boulogne Billancourt !
A Boulogne, « Boulogne-vraiment-sur-la-mer », on désespère surtout de revoir de l’industrie et surtout du poisson. Plus de 130 000 tonnes/an déchargées dans les années 70. Plus que 30 000 maintenant… Longtemps premier port de pêche français en tonnage débarqué, Boulogne s’est fait détronner tout récemment par Lorient, cependant que Capécure, fleuron économique de la ville, reste un leader européen de l’industrie de la transformation du poisson. Tout en restant dépendant d’une compétition internationale acharnée …

A Boulogne, on désespère aussi qu’un porte containers de peintures de toutes les couleurs vienne échouer sur la Pointe de la Crèche. Ce qui aurait permis de ravaler les façades de la cité. On sent qu’il ne manque presque rien pour donner un charme incroyable à celle-ci. Cela aurait pu compenser la baisse de fréquentation touristique consécutive à la disparition du trafic transmanche sur la ville.
La ville a de surcroît des atouts. Il y a, perché sur les hauteurs, une citadelle charmante, ceinte de remparts antiques et possédant un musée remarquable. Il y a un marché très animé chaque samedi matin, place Dalton. Il y a, certes, l’intrigante statue de Napoléon tournant le dos à l’Angleterre… Il y a bien-sûr Nausicaa, un des plus grands aquariums d’Europe…
Mais la véritable attraction, c’est encore le quai Gambetta et ses étals de poissons.
Ils sont une vingtaine en tout, approvisionnés par les arrivages du jour débarqués de plusieurs dizaines de navires de pêche artisanale.
Ces navires sont alignés le long du quai le dimanche, jour de repos, quai Gambetta, là où la Liane rencontre la mer.
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Les femmes de la mer, les femmes de Boulogne, l’âme féminine de Boulogne est là, parmi ces étals, et c’est en soi aussi un spectacle que de voir celles-ci s’affairer à préparer le poisson sous le regard attentif des clients et des passants…
Femmes de marins-pêcheurs et fruit de la pêche de chaque jour sont ici réunis sur 100 mètres d’un linéaire des plus attrayants pour les amateurs poisson de saison…
Femmes laborieuses, attachantes. Elles font virevolter les écailles comme des poussières d’argent sur leur vêtements…
Mais les gants et les tabliers ne cachent ni l’élégance, ni l’inquiétude des femmes de marins.
La mer est une mère qui donne et une sirène qui reprend, même aujourd’hui.
Tous les deux ans, une autre attraction s’offre à la ville à l’occasion des fêtes de la mer organisées par la Fédération Régionale pour la Conservation du Patrimoine Maritime. Il s’agit d’un véritable hommage populaire aux gens de mer et aux navires vénérables qu’ils ont pu préserver des outrages de l’eau salée, des embruns et du temps… De la rentabilité aussi…
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Hommage, aussi, aux fastes du passé, quand Boulogne se distinguait déjà , dès le XIXème siècle, comme un des principaux port de pêche français. La pêche au hareng ou au Maquereau, bien sûr… Une pêche qui suivait le poisson au fil de la saison en Islande et ailleurs… La pêche au poisson frais sur les côtes, surtout.

On trouvera Quai Gambetta les locaux de l’IFREMER et non loin de ceux-ci, le navire (ci-dessus) consacré à la recherche scientifique.
On trouvera aussi, Quai Gambetta les âmes qui rêvent de départs, ou de rencontres…

Vous m’êtes tout à fait inconnue…
Vous attendiez, belle et paisible.
Vous étiez bien, là, devant les bateaux.
Comme l’est cette ville…
A cet instant, j’ai été gagné par cette quiétude qui semblait vous étreindre.
Alors j’ai pris cette photo.
La prochaine étape sera un tantinet moins…bucolique, disons…
Cap sur Capécure et sur l’industrie du poisson !
A savoir encore :
• Sur la création des 4 grands immeubles de bords de mer, un excellent petit dossier réalisé par la ville.
• Une page d’Histopale permettant d’accéder à l’histoire de la ville : l’étonnante tour Caligula, les vieilles photos du marché place Dalton, d’anciennes affiches…
• D’autres photos anciennes du port et particulièrement du quai Gambetta, ici
• Sur la situation de la pêche à Boulogne, voir le prochain article sur Capécure…
• Pour commencer à comprendre tranquillement le rôle de l’Ifremer, notamment en Manche et mer du Nord…