Auteur : littoralenpartage

La Pointe aux Oies

Nouvelle avancée vers la mer et première prise de hauteur depuis le cap Griz-nez… La Pointe aux Oies, sans doute nommée ainsi à cause de l’importance du passage des migrateurs, permet d’embrasser du regard Ambleteuse, côté nord et d’apercevoir la digue Carnot de Boulogne, plus au sud.
La marée descendante découvre une très belle plage parsemée de masses rocheuses assez basses,  propices à la colonisation du site par les moules.

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Des oiseaux, il y en a. Des coquilles de crustacés aussi. Ceci explique peut-être cela.

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Des gens aussi il y en a. Autant qu’il y a de place pour marcher, d’arénicoles à pomper, de moules à cueillir, de bars à pêcher, de paysages à contempler, en vareuse, des hauteurs ou à l’abri, en prenant son petit déjeuner…

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C’est un site à histoires. Histoire de préhistoire, histoire d’empereurs, d’observatoire et d’envahisseurs que la mer envahit, que le vent finit.

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Erosion du trait de côte. Erosion des traits de l’histoire .
Des souches d’arbres vénérables, apparentes ça et là sur l’estran, ont pourtant été conservées dans la tourbe depuis plus de 10 000 ans. Leur trace en tout cas, aura résisté plus longtemps que le béton des hommes.

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Prochaine étape :  Wimereux, à laquelle la pointe est rattachée.

Renseignements utiles

• La Pointe aux Oies et sa plage se laissent accéder aisément. La Promenade de la baie de Saint-Jean passe par la Pointe aux Oies, partie intégrante de la promenade de la Slack, particulièrement recommandée au printemps après la pluie.
• Les amateurs d’archéologie trouveront interêt à cette étude de vestiges paléolithiques trouvés dans la tourbe de la pointe aux oies.
• Voici un excellent article sur les traces, vieilles de 12000 ans, de la forêt de la Pointe aux OiesPour en savoir plus sur le milieu naturel du secteur, la fiche du Muséum d’histoire naturelle 

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Ambleteuse

A marée basse, par temps calme cette petite ville côtière est une reine. De ces reines nonchalantes et maternelles qui enveloppent de leur traîne tous les sujets : les baigneurs, les pêcheurs, les plaisanciers, les vendeurs de glaces et les promeneurs qui les mangent…

Ambleteuse, c’est l’endroit où je vais me baigner.

La plage n’est pas des plus accueillantes pour s’y allonger ou s’y tremper. Il y a bien du sable, mais pas en haut de plage. Il y a aussi des rochers. Il faut donc connaître un peu pour évoluer dans l’eau sans s’estropier. À cause de cela, la plage n’est donc pas remplie de baigneurs. Ceux qui se risquent se parlent, comme s’ils se connaissaient, comme si nager à Ambleteuse constituait une particularité qui les rendrait proches, complices… Ils partagent sans doute le goût des lieux un peu sauvages, un peu rebelles, un peu vivants.

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La plage est également vivante de la diversité de ses amateurs. On se plait à regarder tout en nageant les bateaux remonter au rythme du ballet des vieux tracteurs pimpants de couleurs, les chasseurs sous-marins ceinturés de leurs prises, les pêcheurs à pied courbés comme les paysans l’étaient jadis dans leurs champs, sans oublier les minots tantôt en botte, tantôt couverts d’une serviette de bain trois fois plus longue qu’eux.

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Les rochers donnent du caractère, mais surtout, il y a le fort. Un fort Vauban, puissant, trapu, en prise directe avec la mer comme on n’en voit plus souvent. Ce petit fort, vraiment, fascine. Il aliène notre regard. Tant et si bien qu’il parait inimaginable de prendre une photo présentant la ville sans que l’édifice ne soit au moins en arrière-plan.

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Le fort protégeait un port militaire aujourd’hui ensablé.

Le fort d’Ambleteuse a failli disparaitre comme celui d’Audresselles. Mais il a rencontré des amis qui l’ont à leur tour protégé.

Et puis, au cours du XIXème siècle les rivages d’Ambleteuse ont été désertés.  Alors que Napoléon prenait lui-même soin de cette position stratégique, par la suite, l’évolution des rapports avec l’Angleterre ne justifiait plus la présence d’une armada mouillant sur ce littoral. De plus, il n’y avait pas de pêcheurs, sans doute à cause de l’importance de la présence militaire dans une baie pas très grande. Le port, taillé le long de la rivière Slack s’est alors ensablé.

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Et les quelques pêcheurs qui s’y sont installés devaient déjà tirer sur le sable des navires adaptés, les flobards.
De pauvres gens qui « boutaient à flot » péniblement des navires, d’autres, encore plus pauvres, qui pêchaient à pied ou cueillaient les moules, avant la ruée vers les cabines de bain, c’était ça, Ambleteuse.

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Aujourd’hui, les tracteurs font le travail de mise à flots

Un parc à huîtres (dont on trouve encore les vestiges dans ce qui reste aussi de la baie) et une fontaine semblaient constituer les seules curiosités du secteur.

Il a fallu qu’un bourgeois éclairé dépasse le sentiment de désolation que semblaient provoquer les lieux pour croire à l’opportunité d’y édifier une station balnéaire que les deux grandes guerres ont abîmée et détournée de la plaisance sans vraiment y parvenir. A la première, les anglais, les portugais et même des chinois y étaient cantonnés. A la deuxième, une fois l’armée française en déroute, ce sont les allemands qui s’y sont installés pour veiller au Mur de l’Atlantique.

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L’oeil du fort a beau être fardé de béton depuis ce temps, le musée de la guerre a beau dominer les hauteurs de la ville et des navires militaires peuvent toujours s’exercer à l’horizon, rien n’y fait. Malgré l’atmosphère surannée que dégagent rues et maisons, Ambleteuse a changé de genre. Fini la guerre, place à la reine aux parfums de gaufre et de crème solaire que les belges, les allemands, les hollandais et les ch’tis ne se lassent pas de tartiner.

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Prochaine étape : la Pointe aux Oies

Renseignements utiles :

• L’agréable promenade le long du perré aboutit sur la Slack, au sud du fort. Cette barrière naturelle oblige à emprunter la rue de l’Ecluse jusque la D 940 qui traverse la Slack. Le petit parking en contrebas accède à un chemin pavé permettant de rejoindre la côte. Ce parking est le départ d’une promenade ravissante dans les dunes boisées et buissonnantes permettant de rejoindre la pointe aux Oies : la promenade de la Slack (on peut prolonger par la promenade de la baie de Saint-Jean).

• Pour approfondir ses connaissances, se procurer le livre de Daniel Leunens, Ambleteuse, une histoire moderne, aux éditions A.M.A. dont je n’ai qu’effleuré les histoires.

• Les Amis du Fort d’Ambleteuse à qui l’on doit de pouvoir admirer cet édifice aujourd’hui

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Audresselles

Le perré s’érige comme un rempart entre la mer et ses questions importunes d’un côté, et les habitants et leurs secrets de l’autre. Qui peut savoir la part de vérité des histoires racontées à propos d’Audresselles, « village assis au coeur de la mer » ?

Pauvres pêcheurs

Ce qui est certain, c’est qu’Audresselles s’est depuis très longtemps consacré à la pêche et la plupart de ses habitations en témoignent encore à ce jour.

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La plage constitue un  port d’échouage pour les flobarts, les doris, et toute sortes d’embarcations employées aujourd’hui pour pratiquer la pêche de plaisance. Il n’y aurait plus qu’un seul pêcheur artisanal professionnel armant un doris métallique alors qu’Audresselles, longtemps 3ème port de pêche du secteur après Boulogne et Etaples, en comptait encore plusieurs dizaines au début des années 80.

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Audresselles est aussi connu pour la pêche à pied. Jadis pratiquée par les plus pauvres, elle intéresse aujourd’hui de nombreux vacanciers. Des professionnels aussi… L’abondance de roches incite les moules à beaucoup s’attacher à l’endroit. On trouve aussi des crabes. Jadis, les langoustes étaient fréquentes mais on dit ici que la préférence des mangeurs pour les langoustes plutôt que pour les crabes a permis à ces derniers de s’installer au détriment de la première espèce. La pêche à pied pouvait aussi consister à attraper des poissons dans des filets étendus sur le sable à marée basse. La vie s’alternait alors ainsi tantôt « al côte » pour pêcher, tantôt « al route » pour mendier. On faisait aussi du pâté avec les oiseaux côtiers.

A51-110808Audresselles01Les pêcheurs en surfcasting apprécient également les eaux  mises en mouvement par les rochers.

Et naufrageurs !

L’activité de pillage résultant de l’échouement des bateaux sur la « côte de fer »(nom donné au cap d’Audresselles) est tout à fait attestée. Le naufrage pouvait être provoqué délibérément par les populations locales. Il semble même s’agir d’une spécialité locale encouragée pendant un temps par le « droit de lagan »,  qui permet de disposer librement de ce qui est laissé par la mer, du varech jusqu’au contenu des bateaux ennemis. La provocation d’un échouement étant alors de bon aloi dans ce cas, alors on en maîtrisait bien les techniques. Tant qu’à faire…

A51'-090214Audresselles70A Audresselles on ne naufrageait pas seulement. On sauvait aussi les gens. Une station de sauvetage y a même existé pendant un temps, vers le cap Griz-nez, au nord du village, non loin du ruisseau du Noirda.

Le lieu touristique d’aujourd’hui.

Du perré ancien qui protège le village des assauts de la mer, de la côte de fer, véritable cascade de rochers semblant déborder du village sur l’entrant comme le ferait la lave d’un volcan, des petites maisons de pêcheurs, il ressort un charme authentique que les villas balnéaires on su respecter. Audresselles est désormais une station touristique appréciée pour la force de caractère de ses traits. Moins de la moitié des 600 maisons du village est aujourd’hui occupée par des résidents permanents.

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Il aurait encore à dire sur cette cité où a failli voir le jour un grand port financé par des investisseurs anglais (un projet avorté à la grande joie de Boulogne et de Calais), ainsi qu’une grande gare dont la municipalité rêvait…
Mais Audresselles est resté ainsi, un village assis au coeur de la mer, que le charme baigne, pour la plus grande joie des estivants belges, allemands, bataves, nordistes appréciant le grand air, la nature, la sobriété architecturale, les beautés simples et les embruns.

A51''-071012Audresselles012L’horizon au large d’Audresselles

Prochaine étape : Ambleteuse.

A50-090716-AUDRESELLES - 4Ambleteuse, vue à partir de la plage d’Audresselles.

Renseignements utiles :

• La plage parait difficilement accessible au prime abord. La structure des rochers permet d’évoluer assez facilement dessus. Attention toutefois au risque de glissade. A marée haute, il est conseillé d’opérer un repli stratégique vers les terrasses des cafés à l’ambiance sympathique et protégés des embruns. Il n’y a pas de digue piétonne mais des incursions entre les villas pour voir la mer et descendre sur la plage, ce qui peut rendre la promenade quelque peu déroutante. Au nord du village la promenade s’avère également un peu compliquée.

• Pour tout savoir sur l’histoire du village, la lecture d’un excellent ouvrage de Daniel Leunens sur lequel j’ai pu m’appuyer, est particulièrement conseillée.

• Des photos d’Histopale sur le village et sur la plage et les villas 

Le cap Gris-Nez

C’est un endroit où se côtoient havre et chaos.
Un promontoire gris comme la cendre sur la peau d’un vieux guerrier. Un guerrier de 160 millions d’années qu’un baume chlorophyllien vient apaiser.

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L’Angleterre que l’on distingue si bien comme ici par temps clair n’est plus qu’à 28 kilomètres… Cette proximité a fait que la plage du cap accueillait les porteurs de dépêches entre le continent européen et le Royaume-Uni tout comme la baraque Fricot, le local où atterrissait côté français le câble sous-marin du télégraphe. Les nageurs traversant le détroit choisissent souvent la plage de la Sirène comme point de départ ou d’arrivée de leur périple.
Jean-Marie Salati, un Italien, soldat de la Grande armée prisonnier des Anglais aurait été le premier à traverser le détroit en 1818 en prenant la fuite. La première traversée officielle date de 1875. Matthew Webb devait justement arriver sur la plage du Griz-nez mais atterrit sur la plage des Baraques à Sangatte, après avoir passé 22 heures dans l’eau.
Plusieurs milliers de nageurs et nageuses prendront leur suite.

Malgré tout, il n’est pas bon d’être aussi près d’Albion, en temps de guerre, surtout.
Audinghen, la commune englobant les 7 kilomètres du cap, a été de ce fait maintes fois dévastée.
Calvaires et clocher singuliers sont ostensiblement dressés, comme pour éloigner le danger.
La muséification de la dernière grande guerre, comparable à celle des plages du débarquement, semble aussi vouloir exercer le même exorcisme.

Havre et chaos. Agrément touristique et paysager d’aujourd’hui, sur une terre de labeur, de guerre et de souffrance passées, voilà ce qu’est le cap Gris-nez.

Les Epaulards piégés par une Sirène

Nous sommes côté calme, au nord du cap, un peu à l’abri de sa pointe. Une petite plage fermant la baie de Wissant permet la mise à l’eau des embarcations. La plage de la Sirène est jonchée de pierres disposées en ellipse. Cette curiosité  s’explique par un anticlinal, autrement dit, un pli géologique en forme de chapeau chinois. Ou d’accent circonflexe si l’on préfère. De la sorte, les strates géologiques plongent à l’oblique, presque verticalement. L’érosion marine, en entamant rapidement les parties les plus meubles, met en exergue les strates de grès polis par les éléments. Ce sont ces rochers que l’on désigne ici sous le nom d’Epaulards, parce que leur forme suggère le dessin de la nageoire dorsale du cétacé en question.

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Le cap Blanc- nez joue à chat avec les rayons du soleil tandis que la mer, jalouse, écume. La Sirène s’est offert un restaurant doté d’une des plus belles vues sur le littoral français. Elle lui a d’ailleurs donné son nom. Les Epaulards accompagnent les « pêcheurs dans la vague ».  Bientôt, les flobarts rentreront…

Gris-nez, beau-nez… Voyons maintenant le haut du nez…

Sur la falaise...

De la plage de la Sirène, un petit chemin monte en serpentant autour de maisons. Au plus haut, nous dépassons alors le niveau de la mer de 45 mètres. Un phare reconstruit dans les années 50 domine le lieu. C’est au pied de ce phare que le Cross Griz-nez, véritable tour de contrôle maritime, veille au trafic de bateaux le plus important du monde. Plus de 500 navires par jour vont croiser dans le détroit.

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Pour la première fois depuis la frontière belge, le chemin côtier vire plein sud, au gré des 7 crans rythmant le dénivelé de la pointe du cap jusqu’à Audresselles. Ces crans sont des entailles creusées dans la falaise par les cours d’eau. En voici quelques-uns…

Le cran barbier

Après les crans de Quette et de Sillers, c’est la troisième entaille que l’on traverse en Partant de la pointe du Cap.

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C’est dans les environs du cran Barbier que l’on aperçoit la Batterie Todt, une des plus grosses installations militaires du mur de l’Atlantique. En contraste, « Notre-Dame des vaches », une petite statuette nichée le long du chemin côtier. 

Le cran aux oeufs

Au loin, de petites maisons de pêcheurs cheminent en cortège jusqu’au pied de la falaise.

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Il fut un temps où il fallait des cordes pour accéder à la plage du cran aux oeufs. Les cordes ont disparu. Un chemin discret permet aux plus téméraires d’y descendre.

Le cran deux oeufs est un théâtre que dominent des boules de grès suspendues tandis que d’autres sont éboulées.

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Le ruisseau coule encore et tombe en une petite cascade. On évolue assez aisément vers le sud, au milieu « d’oeufs cassés ».

Grandiose. Que dire d’autre ?

Le cran Poulet

Autrefois appelé cran de la Rouge Casaque, la plage en bas du cran accueillait une guinguette désormais disparue. Le cran Poulet est surtout connu et fréquenté pour la statue de Notre-Dame des flots, plusieurs fois déplacée et « remontée » sur la falaise à cause de l’avancée de la mer.

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Pèlerinages, petites intentions et simples témoignages du passage de marcheurs s’amoncèlent au pied de la statue.

Aux portes d’Audresselles.

Au bas du cran Mademoiselle et du cran du Noirda, la mer se déchaîne sur les rochers, les disloque, les ronge, les rogne…

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Nous voici arrivés a la Pointe du Poissonnier, en proximité d’un village de pêcheurs, sans doute le plus préservé de la côte d’Opale.

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Son nom : Audresselles.  Prochaine étape !

Renseignements utiles :

• Le site du cap, en son sommet, offre un des meilleurs points de vue sur le cap Blanc-Nez, sur l’Angleterre et le port de Boulogne sur Mer. A marée haute le cap n’offre quasiment jamais d’accès au niveau de la mer, qu’on se contente alors de contempler à partir du parking du restaurant La Sirène. Promenades toujours possibles sur la falaise, en tout cas.
• Pour les amateurs de photos anciennes, une belle page sur Histopale, passe en revue la vie du cap il y a un siècle. En voici aussi de bonnes sur la plage de la Sirène.
• Une page de club de géologie permet de comprendre simplement certains alignements rocheux de la plage de la Sirène grâce à d’intéressants croquis.
• Le site du centre de surveillance trafic maritime le plus important du Monde est ici

 

Tardinghen et la baie de Wissant

C’est un endroit magnifique en sursis. Car la baie de Wissant est un paysage de dunes, de bois et d’étangs que la mer grignote, aspire, ampute selon les humeurs du temps. Il faut dire qu’en dehors du village la plupart des images montrées ici reflètent des paysages éphémères. Les blockhaus ont déjà disparu. Les coins à champignons à étonner jusqu’aux périgourdins aussi. Et demain, sans doute, ce sera au tour des étangs.
La petite – et adorable – commune de Tardinghen, au centre de la baie, perchée de manière prémonitoire, elle, est en retrait, dans l’attente d’une submersion du marais…

La maison des gens de Terd

La présence humaine dès la période gallo-romaine semble ici attestée. Les saxons – déjà !- envahissent cette côte peu habitée (entre 450 et 600 après JC).  L’appellation du bourg daterait du VII ème siècle. Dites tout haut « Tardinga haim » et vous aurez sans doute prononcé vos premiers mots en langue franque, à la façon de Terd, le germain, qui s’est installé dans le coin avec ses gens pour pratiquer l’agriculture.

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C’est sur la zone actuelle du marais que pouvait se situer le havre wissantais à l’origine d’un port fameux (voir l’article précédent traitant de l’histoire de Wissant). Tardinghen a du profiter de l’essor portuaire de Wissant. Il en a pâti aussi. Les anglais, en ravageant le secteur, on détruit le couvert végétal et bouleversé l’écosystème.

vXeHD Les anglais sont repartis sur la rive d’en face. Mais le havre a été refermé par un cordon dunaire limitant  l’écoulement des eaux terrestres et c’est ainsi que se sont créés la plaine maritime et les marais que l’on connait aujourd’hui.

 L’histoire sans fin 

Deux ruisseaux côtiers entrainent le surplus d’eau des étangs jusqu’à la mer. Mais il faut curer régulièrement ces cours d’eau, car le sable tend à s’y amonceler.  Jusque la Révolution, la question a posé problème : qui, de Wissant ou de Tardinghen, doit prendre la charge de ce travail ? Cette situation n’est pas sans évoquer l’actuel différend divisant plusieurs intercommunalités du Nord sur la question des wateringues.
La nature ne borne pas ses cohérences à la délimitations de nos propriétés et à  nos égoïsmes de clocher. Pour peu que nous ne lui opposons pas notre bêtise elle peut encore s’offrir aux gens intelligents et respectueux.

Du manque de respect, justement…

Pour le coup c’est raté. Il a fallu qu’on tape dans la dune pour construire la cité balnéaire voisine. Les allemands  construisent un peu plus tard, en 43, une ligne de défense à la hauteur du grand potentiel que représente le lieu pour un débarquement réussi au plus près de l’Angleterre. Le couvert végétal a été ravagé par les installations et la fréquentation anthropique.
Ainsi, depuis la fin de la seconde guerre mondiale le processus s’emballe au point de ne plus savoir vraiment à quel phénomène on doit un retrait des côtes de 300 mètres sur 50 ans. Les blockhaus construits dans la dune finissent dans l’eau. La pose de pieux brise-lames par endroits ne semble rien y faire.

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L’effet cocktail est la théorie la plus avancée. L’érosion éolienne est la première mise en cause. Mais l’eau et le jeu trouble des bancs au large de la baie semblent jouer un rôle important dans l’évolution des courants et l’érosion active de l’estran.

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Que faut-il alors faire ? Eh bien on en débat encore et sans argent sur la table.

Face à l’emportement d’une nature qu’il a outragée et dont il comprend mal les équilibres l’homme du XXI éme siècle reste encore démuni, toujours petit. Désespérément petit. Le plus désespérant n’est-il  qu’il ne s’en rend pas compte ?

Prochaine étape : l’ascension du Griz-nez  !

Renseignements utiles :

Il est grand temps d’arpenter les chemins balisés du marais, accessibles à partir de la route départementale (plusieurs parking. La plage du Châtelet et sa voie d’accès enchanteront encore quelques années le marcheur. A ce jour aucun de ces chemins ne présente de grande difficulté.
De Wissant au pied du Griz-nez, compter deux bonnes heures aller-retour. Le franchissement du ruisseau du Châtelet  nécessite des bottes ou de se déchausser. Un pont à l’intérieur de la dune permet de le franchir mais nécessite de ne plus cheminer sur la plage pendant plus d’un km.
• Une page d’ analyse de l’érosion de la baie de Wissant, avec une carte de localisation des dunes d’amont, d’aval, du Châtelet et de la Baraque Friquot.
• Le site des deux caps sur internet
• En savoir plus sur l’histoire du lieu avec Histopale
• Découvrir la faune et la flore du lieu avec le Conservatoire du littoral

Wissant

Château de sable… château de cartes…
Ici, c’est le sable qui bat les cartes.
De sable blanc… La prédestination d’un nom…

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Car Wissant – du néerlandais wit zant –  est une cité dont le destin a sans cesse été mêlé au mouvement d’infimes particules de roche venant, partant, au gré des vents et des courants,  répandant après la gloire, du port majeur d’hier à la cité balnéaire d’aujourd’hui, la même leçon d’humilité.

Un port antique

Au temps où les caps Griz-nez et Blanc-Nez  qui bornent la baie étaient plus avancés dans la mer, un promontoire  imposant partant du Griz-nez vers le nord semblait protéger la localité, constituant un havre naturel propice à l’accueil des navires à quelques coups de rame de l’Angleterre.
Peuplée par les Morins, ancêtres celtes des Ch’tis localisés sur une grande partie de l’actuel Nord-Pas de Calais et sans doute attirés ici par la mer, le site devient  la meilleure place gauloise de trafic avec l’outre-Manche. On spécule que Portus Itius, le port où César aurait fait mouiller son armada et préparé la conquête de la (grande) Bretagne, était établi dans la baie de Wissant. Mais rien ne le prouve vraiment. La mer était vraisemblablement beaucoup moins avancée qu’aujourd’hui, les courants étaient sans doute différents… Si bien que la nature, effaçant toute trace jusqu’aux siennes, à Wissant comme à Gésarium (Boulogne sur mer),  impose le secret face au travail des archéologues et des historiens.

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On sait en revanche que le lieu fut prospère durant tout le Moyen-âge. Les chevaliers, les rois et les saints devaient y séjourner avant ou après avoir gagné l’Angleterre. Si bien que la place fut renommée au point d’être mentionnée dans la Chanson de Roland.  Jusqu’à ce que la guerre avec les anglais mit à sac plusieurs fois la ville, brûlant les maisons et pire, les oyats… Livrant les habitants au sable blanc dont la progression a été appuyée par une succession d’autres événements autant humains que naturels.  Le sable a fini par engloutir le village. Ainsi celui-ci est détruit par le poids du sable sur les charpentes en 1777…

Le charme de l’abandon

Dans la deuxième partie du XIX ème siècle, ce qui n’était plus qu’un petit village de  pauvres pêcheurs cramponné à la baie séduisit un couple de peintres renommés, les Demont-Breton. Ceux-ci y firent construire leur domicile, le fâmeux « Typhonium », flanqué d’un propylone inspiré du temple nubien de Dendour (ci-après). Il invitèrent d’autres artistes.

Les paysages de la baie, les maisons, les personnages locaux, les marins et leurs familles constituaient les principaux sujets artistiques de ce cercle d’amis au sein duquel les Demont-Breton dispensaient des conseils et se réjouissaient en retour des progrès des jeunes artistes.
L’Ecole de Wissant était née, redonnant au lieu une renommée internationale qui ne manqua pas d’attirer investisseurs et estivants, ce d’autant que l’ouverture de la ligne ferroviaire jusque Boulogne permettait depuis peu de gagner facilement la région.

Une station balnéaire tranquille

On construisit une sorte de cité-jardin composée de villas individuelles à destination des bourgeois du Nord, capables de fuir les villes en plein essor industriel. Conçu comme un lieu familial de repos, la construction d’un casino, par exemple, n’y fut jamais autorisée.

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Un siècle plus tard, cette caractéristique est préservée. Grosso modo, la digue longue de plus de 300 mètres invite à la promenade et délimite la plage investie par les baigneurs, tandis qu’au nord, plusieurs dizaines de planchistes pourront rivaliser en prouesse sur l’un des principaux spots de kite-surf d’Europe.

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Wissant dispose en effet des meilleurs statistiques de vent pour en permettre la pratique.

La fête du flobart

Il n’est pas forcément dans les usages du site de faire état des fêtes et événements. Celui-ci est particulier. D’abord parce qu’il est organisé par la très dynamique Fédération Régionale pour la Conservation du Patrimoine Maritime (FRCPM). Ensuite, parce que de vrai patrimoine il est question. Le flobart est un bateau de pêche à fond plat que l’équipage devait pousser jusqu’à l’eau puisque Wissant n’a pas de port.

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Il ne reste plus qu’un pêcheur artisanal au flobart à Wissant.  Des passionnés s’acharnent à conserver ce type d’embarcation unique sur la baie  et à mettre celui-ci particulièrement à l’honneur lors d’un moment festif le dernier week-end d’août.

Demain ?

Balayée jusqu’au ravage par la nature avec laquelle la cité n’a pas toujours su composer, Wissant fait face à nouveau à la menace des éléments.
La digue a rompu en mars 2007 après un siècle de service, offrant  le spectacle désolant d’une éventration aux regards des visiteurs.
Alors que la digue a été reconstruite et enrochée, la dune d’aval (au sud de la ville) continue quant à elle de disparaitre. Un tiers de habitations de Wissant sont menacés. Des épis brise-lame et le rechargement du secteur en sable sont des solutions envisagées par les pouvoirs publics pour faire face à la disparition du sable constatée sur toute la baie.

La commune se débat en tous sens avec le sable, le vent et l’eau. Celle-ci est l’une des plus menacées de la côte d’Opale.
Du port renommé d’hier à la petite station balnéaire d’aujourd’hui, Wissant est un laboratoire permanent de l’humilité des hommes face à la nature : sommes nous capables de faire avec et pas contre elle ?

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Prochaine étape : Regards sur la baie entre Wissant et Tardinghen.

Renseignements utiles :

  • Wissant est une station balnéaire particulièrement facile à visiter. Une longue digue permet à tous les promeneurs de profiter du lieu. La plage de sable fin est agréable. A marée haute, il faudra néanmoins quitter la zone de digue pour se baigner car l’estran est totalement recouvert à cet endroit.
  • Un site amateur (ladiguedewissant.com), permet grâce à des photos aériennes, de mieux se rendre compte des  risques encourus par le grignotage de la dune d’aval.
  • La page de la DREAL pour tout savoir sur le réensablement de la baie.
  • Une curiosité récente : le Banc à la ligne, au large de de la baie, semble à nouveau se découvrir…

 

Strouanne

Une des plus belles falaises au monde s’éteint ici. Le cap Blanc-nez est tout proche. La mer, en descendant, laisse apparaître un grand miroir gorgé de sa substance. Cadeau offert au ciel et à la terre hospitalières. Hommage à leur beauté profonde. Régal des sens par temps clément, à la nuit tombante.

Tout me parait si beau. Je n’ai pas su choisir. A vous de voir les photos suivantes. Si j’ai bien fait, vous me direz…

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Strouanne est un hameau de Wissant affectionné des « locaux », des habitués, des « rencardés. De la route, rien ne fait tapage de son attractivité, hormis les véhicules stationnés qui débordent d’un minuscule parking en été. De plus,  la plage se fait désirer par quelques centaines de mètres de chemin, en dénivelé, que l’on ne peut parcourir en théorie qu’à pied.
Cette plage superbe, baignée d’un subtil mélange d’atmosphères de falaise blanche,de dunes, de bois et de pâtures est d’une richesse exceptionnelle que l’on ne capte curieusement pas dès le premier regard.
Les maisons en contre-bas  n’enlèvent rien au charme du lieu. On se verrait les occuper sans scrupule. Ce qui est d’ailleurs possible pour un moment (ce sont pour certaines des gites). Seuls quelques usagers indélicats, en été encore, partent en bateau en laissant leur 4×4 attelé sur la plage. Nombreux sont ceux qui se plaisent à penser que les importuns reviendront de promenade un poil trop tard…
La ferme de Saint-Pô, hameau datant déjà, comme Strouanne, du Moyen-Âge, surplombe elle aussi la plage. De celle-ci, on voit les bovins charolais pâturer. Près du chemin, une petite cascade alimentée par le Rau des Nains apporte une touche d’attraction supplémentaire si besoin encore en était !

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Le jour, par beau temps, les hautes du Blanc-nez donnent envie de les parcourir. On peut gagner celles-ci par la plage ou par un chemin côtier sur la falaise.

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Le chemin permet de pratiquer plusieurs activités nautiques. L’absence d’obstacles dans l’eau encourage la pêche en surfcasting. Mais le site offre une particularité singulière : le vent. Nous ne sommes à quelques centaines de mètres d’un des plus fameux site de fun bord d’Europe.

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Car Wissant, son vent et ses voiles, apparaissent déjà… Ce sera la prochaine étape.

Renseignements utiles :
• On l’aura compris, de Strouanne s’offre une des promenades les plus agréables de la côte 
d’Opale. Elle permet de gagner le cap Blanc-nez en empruntant  un autre chemin de retour (plage ou chemin côtier sur la falaise), tout cela en moins de deux heures. Sur la plage, à l’approche du Cap, attention aux mauvaises surprises à marée haute. La mer peut avoir gagné la falaise. 

• Pour les amateurs de géologie et curieux d’érosion, voici une excellente page du site « Persée ». L’argumentation tend à relativiser la responsabilité de la mer à propos de l’érosion du trait côtier dans le secteur de Strouanne. Documentation intéressante.

• Et sur Wikhydro, une analyse des risques sur le secteur du Blanc-nez comprenant Strouanne.

 

Le cap Blanc-nez

Ca y est ! Nous voici rendus au cap, un lieu extraordinaire. Au cran d’Escalles, un rideau de calcaire s’ouvre sur les eaux agitées du détroit et invite à comprendre, peut-être pour la première fois, à quoi la côte doit son nom. La craie, le sable, brassés par l’eau, transfigurés par l’énergie du soleil, fabrique de l’opale, teinte fragile chassée par le vent mais revenant sans cesse, fidèlement, indéfectiblement attachée au lieu.

 

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Mais descendons…

Un nez, un cap…

Mais quand-même pas une péninsule ! Le cap Blanc-nez est né il y a 70 millions d’années. Les collines du Boulonnais, parentes des Alpes (la création de ces dernières ayant provoqué une sorte de réplique en ces lieux) s’offrent au va-et-vient de l’eau et accueillent ses dépôts que la sédimentation transformera en craie (voir l’article précédent).

L’étymologie révèle que la dénomination « nez » n’a rien à voir avec le rapprochement de physionomie à l’homme qu’on tente naturellement de faire. Le « nez » viendrait finalement du saxon « naes« , qui veut dire « promontoire ».

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Le cap constitue l’entrée nord d’un site parsemé de villages côtiers formant, avec plages et falaises, un ensemble exceptionnel désormais protégé par le Conseil départemental avec l’aide du conservatoire du littoral. Ceux-ci se sont vus récompensés par le ministère de l’écologie des efforts de protection qu’il ont produits . Le site des caps est désormais classé « Grand Site de France ».
« Le label Grand Site de France peut être attribué par le ministre chargé des sites à un site classé de grande notoriété et de forte fréquentation. L’attribution du label est subordonnée à la mise en oeuvre d’un projet de préservation, de gestion et de mise en valeur du site, répondant aux principes du développement durable. Le périmètre du territoire concerné par le label peut comprendre d’autres communes que celles incluant le site classé, dès lors qu’elles participent au projet. Ce label est un label sélectif et exigeant. Il est attribué pour une durée de 6 ans ».

Plus en hauteur…

Le cap culmine à 150 mètres. A cette hauteur, une vue remarquable permet de contempler les principaux lieux situés entre les portes de Calais et de Boulogne, que les photos suivantes présentent plus en détail.

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La baie de Wissant nous tend les bras. Elle nous attend mais qu’importe. Le temps se suspend à la masse imposante, hypnotique du promontoire blanc.
Les éléments, marées ou vents, à un moment donné, vont quand-même éprouver nos résistances et nous éloigner. Un million de personnes passeront ainsi en une année.

 

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On reprend alors la route vers Wissant,autre cap en vue sous un vol de goélands, d’écumes et d’embruns

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On s’arrêtera en route pour admirer la plage de Strouanne !

Renseignements utiles

• Le cap Blanc-nez est situé sur la commune d’Escalles. Pour marcher le long du cap, deux possibilités s’offrent au visiteur : soit monter en haut du cap, joindre à pied le monument de la Dover patrol et chercher le chemin qui descend vers le sud de ce monument (on descend alors jusqu’au cran d’Escalles qui est le seul accès à la plage). Soit on cherche à joindre le petit chemin dans le village qui permet d’accéder directement au cran et à la plage. Quoi qu’il en soit, la promenade se mérite : pas de plage à marée haute ; les bottes préférables si l’on ne veut pas trop réfléchir à la manière de contourner les bâches et fils d’eau. Les personnes à mobilité réduite s’arrêteront peut-être au blockhaus au bas du cran.

• Pour accéder aux Grands sites de France en attendant de gagner, d’ici pas mal d’étapes, le prochain grand site de France : la baie de Somme ! …

De Sangatte au Blanc-Nez

En quittant Sangatte en direction du Cap Blanc-Nez, il faut s’apprêter à assister à un événement particulier : la naissance des falaises les plus septentrionales de France (il n’y en a d’ailleurs aucune depuis le Danemark…).
Et de surcroît, ces falaises sont des plus remarquables, puisqu’on chemine déjà le long du cap Blanc-Nez, classé « Grand site national ».
Grande beauté. Grand angle… Grand virage en direction du Sud… Bref, on change de ton, résolument, presque brutalement, entre le plat pays des moëres, des dunes et polders marquant les plaines maritimes de la Mer du nord, d’un côté et les hauteurs des collines de l’Artois échouées là, de l’autre.

 

A41-150413SangatteBlancNez22En cette fin de journée ensoleillée, l’absence de vent donne des allures de canyon  à cette première partie du cap teintée d’argile et reflétant son image sur le sable saturé d’eau.

Histoire et sédiments 

La falaise est d’abord un livre ouvert sur l’histoire géologique du lieu. La craie, ici dominante, parfois jaunâtre et parsemée de rognons de silex et de fossiles, a été patiemment formée pendant le Crétacé. Car 1000 ans sont nécessaires pour obtenir 2 cm d’épaisseur de cette  roche sédimentaire résultant de l’accumulation persévérante d’algues microscopiques.

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Il y a bien longtemps, tout était couvert d’eau. Puis découvert. Puis recouvert. Puis découvert encore. Ce qu’on appelle le détroit du pas de Calais séparant l’actuelle Angleterre du reste de l’Europe date d’à peine plus de 500 000 ans. Avant, tout était relié. Un brusque effondrement de terrain entre des failles en est à l’origine. La mer, pendant la fonte des glaciers, fit son affaire d’ouvrir le Channel voici  8500 ans, pour atteindre depuis seulement 5000 ans  la forme qu’on lui connait.

Matière en érosion

L’érosion du trait de côte concerne cette partie du littoral, bien que le calcaire résiste mieux aux assauts des éléments que l’argile, les marnes et sables présentes en d’autres endroits. Selon les lieux, la falaise s’érode plus ou moins rapidement et pas toujours régulièrement : environ 20 cm par an dans le secteur nord, côté Sangatte ; entre 5 et 85 cm par an sur le cap même… La mer sape la base, mais l’eau s’infiltre au dessus et creuse des failles, qui s’élargissent alors sous l’action du gel. Tout dépend donc de la force des flots, de la pluviométrie et des températures du moment, autant d’aléas qui ne permettent pas de constater une érosion homogène du trait.
D’importants éboulements ont eu lieu en 1998 et en 2000. Depuis, le cap est équipé de sondes et d’appareils de mesure permettant de mieux comprendre les phénomènes et les prévenir autant que possible.

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L’érosion est en tout cas indiscutable. La situation précaire de certaines constructions militaires en témoigne. La déambulation à proximité des falaises est dangereuse et pas seulement qu’en hiver, comme on le pense parfois.
Il faut aussi savoir que l’évolution sur cette partie offre peu d’option de survie au marcheur étourdi à marée haute. Sur plusieurs kilomètres, la paroi n’offre aucun moyen de l’escalader pas plus qu’il n’existe d’accès aménagé pour fuir l’estran recouvert par la mer.

Géant !

Le site reste quand même un merveilleux site de promenade et de découverte d’oiseaux nicheurs. De vieux pêcheurs y tendent encore des filets pour attraper les poissons déambulant au gré de la marée. Quelques parapentistes profitent de la hauteur des falaises  pour accrocher la voile aux courants ascendants. Mais la marche reste le meilleur moyen de profiter de cette partie littorale limpide et flamboyante sitôt que le soleil en baigne les parois.

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Le soir tombe. On aperçoit au loin le cap Griz-Nez… Alors que nous n’avons pas encore passé le blanc dont nous n’avons pas tout à fait fini de parler.

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La prochaine étape permettra en effet de prendre un peu de hauteur. Cap sur le cran d’Escalles et sur le sommet du Blanc-Nez !

Renseignements utiles

La promenade est exquise, surtout dans l’après midi et en soirée, falaises baignées par le soleil. Sable ferme, pas de cours d’eau infranchissable. Il est toutefois conseillé de ne pas s’approcher de la falaise, surtout s’il a été constaté que vous n’étiez pas en veine depuis le début de la journée.
Des bottes peuvent être conseillées. Je ne les ai jamais trouvées indispensables sur cette portion du littoral. En revanche il est fortement déconseillé de s’engager 3 heures après la marée montante. Le risque de se voir coincé en route – et de périr- est réel.

• Pour les amateurs de géologie voir ici et ici