3.1-Le Platier d’Oye

Le Platier d’Oye

Entre Dunkerque et Calais, il existe un endroit de charme et comme souvent, de fragilité.
Le Platier d’Oye est le point terminal d’un espace gagné sur les eaux. C’est aujourd’hui un lieu très convoité.
Convoité pour la chasse, qui cristallise depuis longtemps sur le secteur une controverse médiatisée jusqu’au niveau national.
Convoité par la faune et la flore d’une exceptionnelle richesse, un cadeau de la nature à ce lieu artificiel qu’il a fallu,  justement,  protéger du tempérament de certains hommes par un classement du lieu en zone naturelle.
Convoité enfin par une mer un peu jalouse et désenchantée, elle aussi, par nos esprits impénitents. Ses assauts sont repoussés aujourd’hui tant bien que mal par des protections improbables. Celles-ci, comme nous le verrons, semblent toutefois efficaces (voir prochainement le dossier).
Passons donc en revue ces trois aspects.

Qui va a la chasse…

… Garde quand même sa place, mais pour plus trop longtemps.. Nous retrouvons à l’Est, en venant de Grand-Fort-Philippe, aux Ecardines précisément, des huttes, comme on les appelle ici. Les chasseurs ont au sujet de ces huttes le même statut que les bouilleurs de crus. Les huttes ne pourront être vendues pas plus qu’elles ne se passeront entre les générations pour continuer une pratique jugée indésirable par les autorités. Ce petit coin sans doute oublié par le jeu de pressions locales lors la délimitation de la réserve naturelle permet donc encore pour quelques temps de « planquer » aux ras des de bassins creusés exprès pour attirer les volatiles.

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Sur le reste du platier, les huttes ont été déplacées pour la plupart au lieu-dit du Fort Vert, vers Calais, tandis que d’autres, 6 au total, furent réinstallées juste à la frontière ouest du platier. C’est alors au tour des chasseurs de devenir verts. La mer a eu tôt fait de balayer 4 huttes. Fort marris, les chasseurs chassés par la marée se sont réinstallés dans la réserve et la situation a dès lors gentiment dégénéré. Après 4 ans de négociations jugées amiables, faute de pouvoir bouger les chasseurs, c’est le contentieux qui fut déplacé, sur le terrain juridique. Après avoir perdu au tribunal administratif puis en cassation, les chasseurs persistent à tirer les volatiles dans la réserve. On en vient parfois aux mains. Les écologistes en appellent finalement au droit européen, qui sanctionne alors la France… Aujourd’hui, les choses se sont un peu calmées, il ne reste donc que quelques « bouilleurs de crus » autorisés à distiller du plomb dans les flaques d’août à fin février, puisque des dérogations d’un mois sont accordées par l’Etat, la chasse devant normalement s’arrêter fin janvier.

Cette place est réservée !

Ainsi donc, le Platier d’Oye est un endroit exceptionnel dont la physionomie rappelle assez bien les dunes de Flandres en vertu d’une exposition identique face à la mer du Nord. La dune, de plus de 15 mètres, protège ici des polders situés jusqu’à 3 mètres en dessous du niveau de la mer. Ce milieu complexe associant dune et polder est également doté de vasières. Le tout devait être protégé.

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La mise en réserve naturelle date de 1987. On dénombre à ce jour plus de 230 espèces animales dont 85 patrimoniales et pas moins de 300 plantes avec plus 80 espèces protégées…

Un bras de fer engagé avec la mer

Un bras de bois plus exactement. L’action combinée du vent, de la mer et des activité anthropiques a nécessité d’équiper la plage de structures légères de défense conçues pour casser les énergies naturelles déferlantes. Ces aménagements se présentent sous forme de pieux enfoncés, de ganivelles posées en haut de plage…Certaines installations répondent aux noms poétiques de « peignes hydrauliques » et autres « casiers à vent », que les flots taquinent rituellement.

Cliquez sur ces images pleines de charme.

La dégradation de la dune par une tempête peut entraîner une submersion importante du secteur. Les 167 logements du hameau des Ecardines à quelques dizaine de mètres en retrait du trait de côte peuvent être inondés. Les autorités locales veillent au grain (de sable pour le coup). Ce ne fut pas toujours le cas par le passé. Un millier d’autres logements devaient être construits ici. Mais il reste que le hameau n’est pas à l’abri des conséquences d’une vilaine tempête quand d’autres ont rabioté au passage plusieurs mètres de protection en hauteur comme en profondeur. En tout cas la  dune recule de près d’un mètre chaque année.

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Prochaine étape dans les cieux et reflets des Hemmes de Marck.

Renseignements utiles
– Le déplacement est assez aisé, tant sur le rivage que sur les chemins aménagés dans la dune. Le franchissement de la dune pour accéder à la plage est possible pour les personnes à mobilité réduite.
– Voici la page du site des Réserves naturelles de France consacrée au Platier d’Oye
– Pour télécharger une plaquette de présentation de la nature au Platier d’Oye. Pour plus de détails sur la faune, la flore et les milieux, voir plutôt là. 
– La carte des cheminements du platier
– Un topo pédagogique sur les risques d’érosion marine spécifiques au Nord-pas-de-Calais et le rapport d’étude des risques de submersion marine en région avec des cartes détaillées. Le secteur de Oye-Plage commence page 153.
– Le Document d’Information Communal sur les Risques Majeurs de la commune de Oye-Plage.

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