Veilleurs placides en quête de temps cléments, les chalets sont posés sur la plage, face à la mer. Saturés de sable et de sel par les vents dominants. Protégés des flots comme le seraient des morceaux de sucre sur la table face à un bol de lait renversé.
Ainsi Carnac a ses menhirs. L’île de Pâques a ses géants. Et Calais a ses chalets.
Peut-être même la plus grosse concentration de chalets. Ici, près de 500 totems à la gloire du soleil ont été dressés. Pas de sang versé en sacrifice, juste peut-être la peau, parfois ointe d’une sainte crême dédiée au dieu soleil.
Comme nulle part ailleurs les chalets de Calais, jusque Blériot, la partie la plus orientale de Sangatte, sont l’âme de la plage.
L’âme. Le charme. L’utilité aussi, d’après certains.
L’âme, c’est déjà celle des gens du Nord, des gens qui ont peu, ou qui ont eu peu. Et des gens qui font de ce peu toute une montagne. Et c’est sans doute pour cela que la moindre cabine s’appelle « un chalet », tout comme le plus famélique thuya qu’on laisse filer, ici, cela peut s’appeler un « sapin ».
Aussi, quand un chalet est fracturé, c’est un véritable raz-de-marée dans les esprits profanés. En même temps, il faut compter au minimum 2500 € pour une occasion dans un état correct, 6000 € pour du neuf, 200 € à chaque coup de peinture… sans compter le coût de concession d’un espace.
Que l’on soit riche ou peu fortuné, ce n’est pas rien d’avoir un chalet…
Et tant de belles histoires familiales s’y sont déroulées qu’on y reste attaché.
La mode des cabines date du début de l’histoire balnéaire. Les bourgeoises s’y changeaient. La cabine était montée sur une charrette attelée. On déposait la baigneuse à fleur d’eau, en sorte qu’elle ne soit pas aperçue, en ces temps prudes, dans une tenue qui aurait contrevenu aux convenances.
Par la suite, il s’est avéré très pratique de disposer d’un local renfermant accessoires de bains et chaises longues pouvant rester à demeure. Le chalet devient pour un jour une résidence secondaire chargée de beaux souvenirs. On se bat alors pour le garder et l’entretenir.
Et puis, le charme des cubes immaculés coiffés d’un camaïeu donne à la promenade en front de mer un intérêt certain dont les résidents peuvent s’honorer.
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Aujourd’hui, le chalet est normé : 2m50 x 2m50, et une terrasse de 60 cm tout au plus. Il doit être obligatoirement peint en blanc, désormais. Les pouvoirs publics veulent juste plus d’harmonie visuelle. La loi littoral impose en outre la création d’ouvertures sur la mer et de ce fait, leur diminution à 350 pièces est programmé.
Pas d’éradication en vue. Sauf peut-être par la mer. C’est déjà arrivé. La collectivité en tout cas ne compte pas y toucher. C’est que les chalets comptent pour beaucoup dans l’attrait touristique du front de mer de Calais.
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On leur prête aussi la vertu de retenir le sable sur la plage. Alors personne ne s’en plaint, ou si peu.
La plage à marée basse. Le vent d’ouest emporte de sable vers le port. Les chalets sont au fond, vers la droite.
Un avant port, une digue, une superbe plage et toute la vie créée par chaque éléments que l’on peut embrasser du même regard et vivre tour à tour font du front de mer de Calais un endroit d’exception.
Prochaine étape à Sangatte !
Renseignements utiles :
• La promenade sur la plage, comme sur la digue, ne présente aucune difficulté. On peut évoluer au milieu des chalets.
• Des photos des cabines de plage en 1900