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Equihen, la fille sauvage

Nous voici donc aux pieds de la « fille sauvage de la Côte d’Opale ».

Cette appellation, vue de l’estran, n’est pas usurpée. Sous la protection d’une quasi-dune-presque-falaise Equihen fait son chat, blotti, trahi par ses oreilles. Venant du nord, c’est à ne presque pas l’apercevoir.
On ne s’attend pas à découvrir, en lieu et place d’un ancien hameau d’Outreau, une commune de près de 3000 habitants qui se retient comme elle peut de dévaler dans la mer comme le font les blockhaus allemands.

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Cet ancien port d’échouage de flobarts, d’harenguier et de peintres, bien inspirés d’y établir leur demeure, est désormais une station balnéaire appréciée d’un public dédaignant les fioritures des stations « commerciales » anciennes comme Wimereux au nord, ou à l’architecture plus récente comme Hardelot, en proximité immédiate vers le sud.

Les peintres avaient bon goût.

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Au sud de la plage, on n’oubliera pas de remonter par l’accès des bateaux (photo du dessus) pour contempler, à quelques dizaines de mètres de là, les « quilles renversées », ancien bateaux de pêche recyclés pour couvrir, comme sur la crique de Ningles le logement des moins fortunés et dont la tradition s’est quelque peu perpétuée pour le logement touristique.

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On souhaite à Equihen, la sauvage, la menacée, bon vent, pas trop fort…

Let’s go to Hardelot !

Renseignements utiles
• De formidables promenades dans la dune, parmi les plus belles de la Côte d’Opale (Chemin des juifs, dans la dune d’Ecault), sont accessibles à partir d’Equihen.
• En savoir plus sur la  » Loi Littoral« 
• A Equihen, hors saison, les plages sont autorisées aux chiens. Sinon, rendez-vous sur les plages sauvages du Nord, vers la crique de Ningles

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La crique de Ningles

En descendant du Cap d’Alprech vers la commune d’Equihen, une plage sauvage à laquelle mène un curieux escalier attend le visiteur amateur d’atmosphère romantique un brin cahotique.

Avec la crique de Ningles, terminaison naturelle du cap d’Alprech, le port de Boulogne semble bordé au sud de paysages chamboulés, dont la puissance évocatrice nous renvoie sans mal à la partie septentrionale du Boulonnais : le cap Griz nez, la Pointe aux Oies

Au siècle dernier, avant guerre, quelques familles de pêcheurs retournaient de vieilles coques de flobards pour faire à peu de frais les toitures des quelques logements misérables lovés dans les replis de la falaise et ainsi, constituer le hameau le plus méridional d’Outreau.

Equihen garde la mémoire, comme nous le verrons, de ces habitats de fortune coiffés de coques retournées.

Nous sommes justement à quelques centaines de pas de la prochaine commune d’Equihen, que l’on distingue. C’est notre prochaine étape !

Renseignements utiles :

• Un site intéressant permettant de se figurer le hameau des coques retournées de Ningles

• Et voici une fiche concise de présentation des lieux proches, éditée par le Conservatoire du littoral.

• Belle balade à marée basse accompagnée des chiens.

Le cap d’Alprech

On reprend  un peu de la hauteur que l’on avait perdue en quittant la Pointe de la Crèche, au nord de Boulogne.

On  ramasse ici  les moules à pied. Ou à vélo, selon.

Comme une particule d’Irlande que l’Angleterre aurait capturée, ligotée par un cordon de la Mer du Nord et placée sous la garde du Kent, le cap se ronge les flancs.

La mer efface les traces nazies. Patiemment. Pour ne retrouver que le goût de l’Irlande du vent.

Version 2

Le Cap  d’Alprech est une place plus discrète que les populaires caps plus septentrionaux du spectaculaire Blanc nez et du charme austère du Gris nez . Un rendez-vous plus intime avec les éléments que les parapentistes ne perturbent pas vraiment.

Version 2

Ici, on a oublié le temps.

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Renseignements utiles

• On peut télécharger ici une plaquette présentant une petite promenade de découverte nature et patrimoine,  réalisée par  Eden 62, qui gère les espaces sensibles littoraux du département.

Le Portel

Un hameau de marins pêcheurs a levé l’ancre d’Outreau, village d’agriculteurs auquel les Portelois étaient rattachés jusque leur indépendance en 1856.

Les Portelois ? On les dit échoués là à la suite  d’une violente tempête. Des naufragés de l’histoire, tantôt colons venus d’Espagne, tantôt survivants de la Grande Armada que Philippe II lança contre l’Angleterre en 1588…
Perdus là en tout cas, mais agrippés comme des moules à leur rocher avec l’intention d’y rester désormais.

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Comme à Audreselles, les gens de la mer suspendent les constructions en haut d’impressionnants remparts de pierres et de béton.  Ils savent sans doute, plus que les riches actionnaires des stations balnéaires alentour, que rien, ni l’argent des hommes, ni les prières à la vierge, ni aucun pacte avec les sirènes, ne peut résister à la puissance des flots.

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Tandis que le Fort de l’Heurt se meurt ainsi, dans une dernière guerre livrée avec les éléments, le Phare d’Alprech, un peu plus en retrait sur le chemin des douaniers, livre aux regards des badauds son étonnant escalier aux vents salins.

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Avec 1 kilomètre 500 de plages de sables fin, au Portel, on se plait tout de même à croire aux beaux jours d’une cité ravagée par la dernière guerre mais non dénuée de charme.

Une petite dédicace à Emmanuel qui m’encourage à avancer.

On quitte le port de Boulogne pour un bain de nature iodée, entre le phare et Equihen ?

Renseignements utiles
• Tout sur l’histoire de la cité
• Sur le Phare d’Alprech, monument historique
• De belles photos anciennes et des histoires des marins du Portel et de leurs dames

Boulogne, au sud.

Quitter Boulogne-sur-Mer comme on l’a commencé, de gris, de noir et de blanc.

Gris comme le sable mouillé, plaqué à terre par un ciel intimidant.
Noir comme le Quai Napoléon battu par la violence des éléments.
Blanc comme l’écume léchant cette pierre en souffrance.
Comme une caresse avant les coups.

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De la douleur du rien.
Car rien ne demeure ici, mise à part la mélancolie, débordante comme une lame d’eau, ou le souvenir d’une blessure, d’une brisure, qui te saisit.
L’ancien site sidérurgique qui occupait la place, véritable chancre paysager en bord de mer, a totalement disparu mais semble avoir laissé une empreinte délétère, de celles qui ne s’effacent pas comme ça.
Le port des car ferries aménagé à sa suite s’est vidé de toute activité au profit de Calais.
Un projet de lycée maritime aurait du aboutir mais les politiques ne se sont pas entendus pour le réaliser.
Les pêcheurs à quai restent les seuls à ne pas déserter les lieux. Taciturnes, protégés par le rempart de la digue Napoléon, ils échafaudent d’improbables marches constituées de gravats glanés aux alentours pour lancer leur ligne. Il ne reste qu’à attendre que le destin d’un poisson plat ou mieux, d’un bar s’emmêle à ce décor d’ennui.

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Mais il n’y a jamais rien tant qu’il y a des bateaux.

Et parmi les bateaux, des flobarts, en attente d’un rendez-vous de plaisance.

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Prochaine étape : le Portel.

 

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Capécure, Boulogne

Capécure est le premier centre européen de transformation des produits aquatiques. Un centre de transformation de produits aquatiques, de l’extérieur, cela ressemble à ça : des quais et des voies desservant des boites à sardines géantes… des haies de camions… En vérité, il faut se lever très tôt le matin pour voir la zone s’animer.

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La consommation par les français des produits de la mer transformés ne cesse de croitre. Pourtant, ici on désarme des bateaux de pêche et on s’inquiète des cours, des autres places industrielles de par le monde, des réserves halieutiques et des quotas.

Boulogne, depuis peu, n’est plus le premier port de pêche français. Plus qu’un signal, c’est le symbole que rien ne sera plus comme avant, quand les boulonnais allaient extraire leur paie directement dans la mer…

Les chalutiers d’aujourd’hui sont imposants, colossaux. Avec des coques en métal renforcé que l’économie d’aujourd’hui a malgré tout transformé en argile…

La vie des pêcheurs est d’une rudesse incroyable, autant que l’avenir est incertain désormais.

A l’ombre des méga navires de pêche croisant sous pavillon hollandais, ceux de Boulogne laissent transparaître encore sur l’acier l’amour de la mer, du métier, mais aussi l’humilité que tout marin professionnel se doit de garder face à la toute puissance des flots.
En plaçant l’équipage des bateaux sous la protection d’une étoile céleste, d’une trinité couronnée, du nom de la vierge ou d’un saint…

 

La vie économique de Boulogne changera inexorablement.
Ici, dans une station expérimentale, on se prépare à vivre encore des produits de l’après pêche… En attendant, tant qu’il y a des marins…

Ca peut être utile…

De Sangatte au Blanc-Nez

En quittant Sangatte en direction du Cap Blanc-Nez, il faut s’apprêter à assister à un événement particulier : la naissance des falaises les plus septentrionales de France (il n’y en a d’ailleurs aucune depuis le Danemark…).
Et de surcroît, ces falaises sont des plus remarquables, puisqu’on chemine déjà le long du cap Blanc-Nez, classé « Grand site national ».
Grande beauté. Grand angle… Grand virage en direction du Sud… Bref, on change de ton, résolument, presque brutalement, entre le plat pays des moëres, des dunes et polders marquant les plaines maritimes de la Mer du nord, d’un côté et les hauteurs des collines de l’Artois échouées là, de l’autre.

 

A41-150413SangatteBlancNez22En cette fin de journée ensoleillée, l’absence de vent donne des allures de canyon  à cette première partie du cap teintée d’argile et reflétant son image sur le sable saturé d’eau.

Histoire et sédiments 

La falaise est d’abord un livre ouvert sur l’histoire géologique du lieu. La craie, ici dominante, parfois jaunâtre et parsemée de rognons de silex et de fossiles, a été patiemment formée pendant le Crétacé. Car 1000 ans sont nécessaires pour obtenir 2 cm d’épaisseur de cette  roche sédimentaire résultant de l’accumulation persévérante d’algues microscopiques.

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Il y a bien longtemps, tout était couvert d’eau. Puis découvert. Puis recouvert. Puis découvert encore. Ce qu’on appelle le détroit du pas de Calais séparant l’actuelle Angleterre du reste de l’Europe date d’à peine plus de 500 000 ans. Avant, tout était relié. Un brusque effondrement de terrain entre des failles en est à l’origine. La mer, pendant la fonte des glaciers, fit son affaire d’ouvrir le Channel voici  8500 ans, pour atteindre depuis seulement 5000 ans  la forme qu’on lui connait.

Matière en érosion

L’érosion du trait de côte concerne cette partie du littoral, bien que le calcaire résiste mieux aux assauts des éléments que l’argile, les marnes et sables présentes en d’autres endroits. Selon les lieux, la falaise s’érode plus ou moins rapidement et pas toujours régulièrement : environ 20 cm par an dans le secteur nord, côté Sangatte ; entre 5 et 85 cm par an sur le cap même… La mer sape la base, mais l’eau s’infiltre au dessus et creuse des failles, qui s’élargissent alors sous l’action du gel. Tout dépend donc de la force des flots, de la pluviométrie et des températures du moment, autant d’aléas qui ne permettent pas de constater une érosion homogène du trait.
D’importants éboulements ont eu lieu en 1998 et en 2000. Depuis, le cap est équipé de sondes et d’appareils de mesure permettant de mieux comprendre les phénomènes et les prévenir autant que possible.

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L’érosion est en tout cas indiscutable. La situation précaire de certaines constructions militaires en témoigne. La déambulation à proximité des falaises est dangereuse et pas seulement qu’en hiver, comme on le pense parfois.
Il faut aussi savoir que l’évolution sur cette partie offre peu d’option de survie au marcheur étourdi à marée haute. Sur plusieurs kilomètres, la paroi n’offre aucun moyen de l’escalader pas plus qu’il n’existe d’accès aménagé pour fuir l’estran recouvert par la mer.

Géant !

Le site reste quand même un merveilleux site de promenade et de découverte d’oiseaux nicheurs. De vieux pêcheurs y tendent encore des filets pour attraper les poissons déambulant au gré de la marée. Quelques parapentistes profitent de la hauteur des falaises  pour accrocher la voile aux courants ascendants. Mais la marche reste le meilleur moyen de profiter de cette partie littorale limpide et flamboyante sitôt que le soleil en baigne les parois.

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Le soir tombe. On aperçoit au loin le cap Griz-Nez… Alors que nous n’avons pas encore passé le blanc dont nous n’avons pas tout à fait fini de parler.

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La prochaine étape permettra en effet de prendre un peu de hauteur. Cap sur le cran d’Escalles et sur le sommet du Blanc-Nez !

Renseignements utiles

La promenade est exquise, surtout dans l’après midi et en soirée, falaises baignées par le soleil. Sable ferme, pas de cours d’eau infranchissable. Il est toutefois conseillé de ne pas s’approcher de la falaise, surtout s’il a été constaté que vous n’étiez pas en veine depuis le début de la journée.
Des bottes peuvent être conseillées. Je ne les ai jamais trouvées indispensables sur cette portion du littoral. En revanche il est fortement déconseillé de s’engager 3 heures après la marée montante. Le risque de se voir coincé en route – et de périr- est réel.

• Pour les amateurs de géologie voir ici et ici

 

 

2015 en revue…

Pendant que je suis en train de terminer ma dernière expédition sur l’Arcouest (c’est au dessus de Paimpol),   les lutins statisticiens de WordPress.com ont préparé le rapport annuel 2015 de LITTORAL EN PARTAGE.

En voici un extrait :

Le Concert Hall de l’Opéra de Sydney peut contenir 2 700 personnes. Ce blog a été vu 23 000 fois en 2015. S’il était un concert à l’Opéra de Sydney, il faudrait environ 9 spectacles pour accueillir tout le monde.

Cliquez ici pour voir le rapport complet.