Quelques activités disséminées sur des quais démesurés… Même les plus gros cargos « nagent dans le costume », Bassin Freycinet.
L’activité fébrile n’y est plus, mais… Le port de Dunkerque est encore pour le curieux un port industriel « à vivre ».
Une fois que nous quittons le Môle 1 reconquis par la ville (cf. la fin du précédent article), voici en effet les premiers remorqueurs, les cargos et leurs matières sur les quais. Fait rare : ici, nous pouvons approcher certains grand bateaux. Ailleurs, les quais sont souvent interdits d’accès, au point parfois d’occulter la vue sur la vie portuaire, jusqu’aux plus imposants bateaux… Les nouveaux enjeux portuaires de Dunkerque sont désormais placés hors la ville, Port Ouest. Et ceci explique certainement la tolérance des badauds quasiment partout sur les quais. C’est une grande chance dont nous allons profiter !
Nous longeons le Bassin Freycinet, du nom d’un ministre qui en ordonna la mise en chantier dans la seconde moitié du XIXème siècle à la demande d’un industriel et sénateur dunkerquois, Jean-Baptiste Trystram. Du temps de l’Empire, Napoléon avait tout misé sur Anvers… Et puis l’Empire a perdu Anvers. Avec cette réalisation complétée d’écluses, de darses et autres formes de radoub, Dunkerque n’est résolument plus un port d’échouage, mais un grand port doté d’un immense bassin à flot disposant de plusieurs kilomètres de quais, grâce aux môles délimitant les darses. Les bâtiments, grues et autres gros équipements suivent et Dunkerque devient grâce au bassin le troisième port industriel français juste avant l’entrée dans le XXème siècle… Position qu’il a gardée jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, on parle du Port Est pour dénommer ce bassin accessible par les écluses Watier, Trystram et Charles de Gaulle. Diverses marchandises y transitent à partir de terminaux plus ou moins spécialisés, consacrés essentiellement au vrac liquide ou solide, au sucre en sac, à l’expédition de ciment. Sans oublier la réparation navale.
Du vrac
Les quais de Bassin Freycinet accueillent toutes sortes de marchandises dites conventionnelles. Des colis lourds y transitent tels que les mats d’éoliennes. Des activités plus anciennes, il reste encore un terminal sucrier. Le vin, le tabac, mais aussi la laine qui y transitaient encore au milieu du siècle dernier, c’est désormais terminé.

De la réparation navale
Les chantiers navals sont fermés (cf précédent article). Mais le port accueille encore de nombreux navires et des plus grands pour réparation ou simple escale technique. Aux anciennes cales de radoub se sont ajoutés d’importants docks flottants capables de mettre en cale sèche des bateaux imposants….

De la chimie
Du point de vue portuaire, cette activité compte parmi le vrac liquide. En venant de l’est, tout au fond du bassin Freycinet, des concessions pour l’activité pétrochimique ferment l’accès de celui-ci vers le l’ouest, sécurité oblige. C’est alors au nord, en revenant sur ses pas, par l’écluse Charles de Gaulle, que l’on pourra accéder (quand le pont veut bien descendre) à un autre bassin, qu’on appelle souvent Bassin Minéralier, mais qui dessert aussi un autre terminal pétrochimique (voir le prochain article, le long de la Digue du Break).

Et de l’attente aussi
Ces deux superbes navires admirablement proportionnés, par exemple, sont des bateaux d’observation scientifique en quête d’acheteur(s). Les quais du Bassin Freycinet c’est un peu la salle des pas perdus des grands bateaux en errance, bien que ces derniers n’ont pas plus de jambes que les petits. Pour cette catégorie de navire, même si la comptine ne le dit pas, c’est pareil.
Un air de nonchalance et de désuétude règne ici. La disproportion entre la longueur des quais et leur fréquentation actuelle en est la principale cause. la prégnance des bateaux venus là parce qu’ils avaient justement besoin d’un lifting est est sans doute aussi une autre. Au Port de Dunkerque il y a encore de quoi faire. Environ 3000 hectares sont disponibles pour implanter de nouvelles activités. Et n’oublions pas que nous n’avons abordé ici qu’une partie du port industriel.
Un deuxième monde portuaire va bientôt nous ouvrir ses portes, celui qu’on appelle le Port Centre ou bassin minéralier, le long la Digue du Break.
Renseignements utiles :
– Comme indiqué dans l’article, en flânant d’un môle à l’autre, on peut approcher dans certains cas les bateaux (sauf pour les apontements pétrochimiques et le secteur de la réparation navale) Le tour du bassin est quand même long et complexe sans plan. Mieux vaut s’en trouver un. Si l’on a des jumelles, il est bon de les prendre. Les axes desservant les môles sont fréquentés. Rester prudent.
– Passage obligé sur l’intéressant site web du Port de Dunkerque. On y trouve non seulement d’appréciables renseignements sur l’activité du port, mais aussi une divertissante visite virtuelle, ou encore, la liste des bateaux à l’approche, à quai, sur le départ (avec leur destination)… C’est en rubrique « Activités commerciales ». Le téléchargement du dernier rapport d’activité (pas si difficile à lire) est aussi possible. Sur la même page, le plan du port.
– Pour connaître les bateaux mouillant dans le Port, consulter cette carte. En dézoomant, on se rend compte en temps réel de l’importance du trafic dans le détroit. On peut cliquer sur tous les bateaux. Assez addictif.
– Il est aussi possible de localiser les grands navires sur les mers du Globe en temps réel grâce à ce site. Adorable. Il faut juste connaître des noms de navires.