mer du nord

Equihen, la fille sauvage

Nous voici donc aux pieds de la « fille sauvage de la Côte d’Opale ».

Cette appellation, vue de l’estran, n’est pas usurpée. Sous la protection d’une quasi-dune-presque-falaise Equihen fait son chat, blotti, trahi par ses oreilles. Venant du nord, c’est à ne presque pas l’apercevoir.
On ne s’attend pas à découvrir, en lieu et place d’un ancien hameau d’Outreau, une commune de près de 3000 habitants qui se retient comme elle peut de dévaler dans la mer comme le font les blockhaus allemands.

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Cet ancien port d’échouage de flobarts, d’harenguier et de peintres, bien inspirés d’y établir leur demeure, est désormais une station balnéaire appréciée d’un public dédaignant les fioritures des stations « commerciales » anciennes comme Wimereux au nord, ou à l’architecture plus récente comme Hardelot, en proximité immédiate vers le sud.

Les peintres avaient bon goût.

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Au sud de la plage, on n’oubliera pas de remonter par l’accès des bateaux (photo du dessus) pour contempler, à quelques dizaines de mètres de là, les « quilles renversées », ancien bateaux de pêche recyclés pour couvrir, comme sur la crique de Ningles le logement des moins fortunés et dont la tradition s’est quelque peu perpétuée pour le logement touristique.

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On souhaite à Equihen, la sauvage, la menacée, bon vent, pas trop fort…

Let’s go to Hardelot !

Renseignements utiles
• De formidables promenades dans la dune, parmi les plus belles de la Côte d’Opale (Chemin des juifs, dans la dune d’Ecault), sont accessibles à partir d’Equihen.
• En savoir plus sur la  » Loi Littoral« 
• A Equihen, hors saison, les plages sont autorisées aux chiens. Sinon, rendez-vous sur les plages sauvages du Nord, vers la crique de Ningles

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Sangatte, porte de sable

Il semble filer sur l’estran comme nulle part ailleurs. Il sépare la cité de la mer d’un mince, si mince cordon dunaire que l’on en vient à croire que « zand gate« ou « sand gate » est bel et bien la racine saxonne du nom de Sangatte. Le sable court ici sur 8 kilomètres de plage. Et la station doit son salut au fragile amas de ses grains capturés par les oyats.

Sangatte est une station balnéaire. Sangatte, c’est aussi « la porte d’à côté » pour aller en Angleterre : une porte à côté de Calais. Ainsi, au cours des deux précédents  siècles, la commune fut le théâtre des premières tentatives de liaison transmanche, souterraine et aérienne.
Mais si l’on connaît aujourd’hui le nom de Sangatte partout ailleurs, c’est parce que la commune a vu naître en 1999, puis disparaître en 2002 un véritable lieu d’accueil des réfugiés cherchant à gagner l’autre rive du détroit. Quand la fermeture fut effective, la situation est passée de pénible à totalement catastrophique.
Sangatte est aussi une ville réellement menacée par les flots… Par  « porte de sable« , les anciens, plus réalistes que poétiques, entendaient désigner un accès facile de l’eau par un lieu déjà connu pour sa fragilité face aux assauts de la mer.

La porte d’un delta

Depuis la frontière belge, en fait nous évoluons sur du plat, tantôt sur des zones de polder conquises sur la mer, tantôt sur un ancien delta. Sangatte marque la limite occidentale du delta de l’Aa, juste avant que ne commencent les collines de l’Artois. Malgré les invasions marines, on semble avoir habité là depuis très longtemps, avant que la mer ne couvre pendant un temps les lieux, comme à Dunkerque, au temps de Charlemagne. En tout cas, une voie gallo-romaine, le chemin de Leulène, aboutissait déjà à Sangatte.

La porte aux loisirs

A Sangatte, on vient profiter de l’eau, du sable et du vent, de la nature aussi. La commune est dotée de plusieurs sites biologiquement remarquables et offre de superbes points de vue sur le port de Calais, sur la commune même, sur le trafic transmanche et sur les côtes anglaises.

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Un rideau ouvert vers Angleterre

Elles sont tellement proches, ces côtes anglaises, que Portus Itius, le fameux point de départ de Jules César et de son armée pour l’Angleterre en moins 56 av. JC, pouvait être concevable à partir de  Sangatte,

C’est à Sangatte que par deux fois, on tenta de creuser un tunnel sous la Manche, en 1875 et en 1974. Un puits d’accès à l’actuel tunnel  y a également été creusé.
Et c’est aussi à Sangatte que Louis Blériot, cet ingénieur nordiste, pionnier du ciel,  réalisa la première traversée de la Manche le 25 juillet 1909, au nez et à la barbe de son ami Hubert Latham, aventurier intrépide, trahi par son moteur six jours auparavant.

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D’autres pilotes comme Jacques de Lesseps graveront eux aussi l’histoire de l’aéronautique dans cette commune.
Une quinzaine d’années après la première traversée, le conseil municipal décidera de lier le souvenir de l’exploit du premier vainqueur de la traversée à la ville en nommant « Blériot-Plage » le lieu-dit des Baraques d’où le pilote décolla.
« Sangatte Blériot-Plage » est d’ailleurs le nom que la cité s’est donné aujourd’hui.

Bilan et perspectives d’une commune contrariée  par les flots

Plusieurs fois envahie par la mer (la dernière fois, en 1953), Sangatte voit ses défenses régulièrement dégradées (la digue, lors de la tempête Xinthia par exemple). La question de la submersion est ici à prendre au sérieux. Les aléas de submersion ont été calculés avec une surcôte de 0,60 m en prévision du changement climatique. Des travaux sont en cours pour protéger les habitations.

En tout cas c’est beau !

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Prochaine étape : le cap Blanc Nez ! Attention les yeux !

Renseignements utiles :

• La promenade le long des 8 kilomètres de plage ne présente pas de difficulté. Elle est cependant problématique à marée haute et à fort coefficient. L’alternative derrière la dune du Fort Mahon, puis le long de la RN est beaucoup moins intéressante (on ne voit pas la mer, déjà). par temps sec et vent fort SO ou NE, le déplacement du sable sur l’estran peut rendre la promenade désagréable en jupe ou en short, notamment.
• Pour tout savoir sur une étude de danger de submersion et sur le cas de Sangatte, un rapport de 2013 à télécharger
• Le site de la commune de Sangatte Blériot-Plage  et son très beau logo vintage. Pour prendre connaissance des travaux d’enrochement de la digue aussi.

 

Le bassin minéralier (port de Dk)

Les lieux côtiers que j’ai fréquentés dans ma jeunesse sont rares. On n’allait quasiment jamais à la mer. Mais celui-ci en fait partie. A l’occasion d’un voyage de classe, je quittai bassin minier du Pas-de-Calais pour aller visiter cette industrie saisissante qui s’appelait Usinor. Je ne crois pas avoir vu la mer ce jour là. Mais je me rappelle de sensations fortes et contrastées…
D’un côté, une attirance familière, presque irrépressible pour l’usine. Avec un père verrier et des friches industrielles comme principaux terrains de jeu et résidences secondaires on peut aimer l’usine, viscéralement. Et Usinor, ce n’était pas de la petite usine.
Et de l’autre côté, on ne peut échapper au sentiment d’oppression qui se fait sentir face à la démesure de l’élaboration de l’acier, en ce lieu sombre, sale, bruyant, imprégnant tous les sens d’une redoutable pesanteur.
Mais les vapeurs, les odeurs, les couleurs, les sonorités du crassier ne venaient pas à bout du trait de lumière immaculé du métal en fusion, canalisé par d’improbables dompteurs, totalement recouverts d’une intimidante cuirasse (qui aurait pu servir de tenue de pluie pour le bras droit de l’Empereur), et pourtant minuscules dans le décor.

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Que reste-t-il de ce temps qu’on prédisait déjà proche de la fin pour Usinor, devenu Sollac, puis Arcelor, avant d’être rachetée par le géant Mittal ?  Eh bien, à Dunkerque, il reste presque tout. Sur 14 sites sidérurgiques nordistes,  la région n’en garde qu’un « bord à quai ». Il doit entièrement sa survie à la mer et à la qualité du port qui assure sa desserte.
Nous contemplerons cet univers de l’extérieur. En déambulant le long du bassin minéralier.

Panorama sur les activité du port central

Le long des quais bordant  le « bassin minéralier » (selon l’ancien vocable) résident en fait plusieurs terminaux de vrac amené, via l’écluse Charles de Gaulle, par d’imposants bateaux, jusqu’à 14,20 mètres de tirant d’eau.
On y reçoit toutes les matières premières d’ArcelorMittal, mais aussi des céréales, des matières pétrochimiques et un vrac solide sous des formes multiples. On y expédie la chaux, le blé,  l’acier…
On voit aussi l’usine sidérurgique engloutir les matières et les rejeter…

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Environ 2 kilomètres de quai permettent d’accueillir plusieurs navires en simultané. La seule activité d’approvisionnement d’ArcelorMittal permet de disposer en même temps 5 navires à quai.

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L’activité pétrochimique connaît quant à elle un fort bouleversement depuis la fermeture de Total. En 2013, elle représente encore 3 millions de tonnes. Au Port Central, deux appontements lui sont pour l’heure consacrés.

Accompagnés par le Capitaine Pierre Trollé (cf. dossier 6), nous allons maintenant pénétrer dans une zone qui n’est pas libre d’accès pour approcher ces activités en bord quai. Le temps n’était pas de mise. Tant mieux. Il faudra peut être revenir un jour sous un soleil de plomb. Et l’atmosphère serait, soyons en certains, radicalement différente.

Les entrailles de la bête

Elle fume encore de toutes parts, l’usine sidérurgique de Dunkerque. Sur ce décor déjà en soi irréel, l’averse vient de tomber et le ciel reste chargé. L’atmosphère est aussi lourde que l’acier qui s’étend sur les quais.

L’usine de Dunkerque produit ainsi plus de 200 nuances d’acier différentes, principalement pour l’automobile, mais aussi pour l’emballage, l’électroménager, le mobilier… L’avenir de l’usine ne dépend pas seulement de sa situation maritime. Il tient aussi à la qualité de sa production.

Un bout de quai laissé en vrac…

Sur les mêmes quais, on  charge la chaux extraite des Carrières du Boulonnais et transportée par wagons. On y reçoit du sable de déneigement. Et toujours la ferraille et autre petit vrac industriel que des grosses pinces invitent à revenir souvent (air connu). Le tout représentent près de 3 millions de tonnes chaque année.

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Ambiance aux tonalités de fin du monde sur la plateforme petit vrac, en bout de quai. On y trouve pêle-mêle, en tas coke, laitiers ferraille et divers minéraux…

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Au bon coin des pigeons

Les céréales du Nord de la France sont dispersées dans le Monde entier…

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En tout, 330 000 tonnes de produits agricoles peuvent être stockés sur le port qui sera en mesure d’en expédier entre 1 et 2 millions de tonnes par an…

La nature quand-même…

Malgré des conditions très défavorables (activités humaines, présence de métaux lourds dans le bassin), une faune assez riche peuple les lieux.
Les pêcheurs apprécient les tacauds, flet, lieux, merlans et le bar qui y séjournent à la faveur d’eaux plus chaudes.
Fréquemment suivis par les ornithologues (tous les 10 jours !), le bassin minéralier est également bien utilisé par des espèces d’oiseaux pélagiques (qui vivent d’ordinaire assez loin au large). Ceci offre un moyen assez exceptionnel d’observation de cette faune pour le Nord-Pas-de-Calais.

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Des foulques macroule, ralidées qu’on rencontre plutôt en eau douce, s’effraient à l’approche.

Par l’écluse Charles de Gaulle, certains mammifères marins parviennent pendant un temps à s’y faufiler. Ainsi peut-on observer phoques et marsouins, avec un peu de patience et d’attention.

Le tout dans un lieu improbable. La nature, donc surtout.

Nous terminons notre excursion autour du bassin minéralier du port de Dunkerque par une nuit de pleine lune de septembre !

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Après le Port Est et avant d’aborder le Port Ouest, je vous propose de faire un break  (celle-là elle est facile !), pour une soirée de pêche agréable.

Prochain article : la Digue du Braek.

 Renseignements utiles

– Le bassin minéralier n’est gagnable qu’à partir de la digue du Break. Les quais ne sont pas accessibles sans autorisation (poste de garde). Pour aller sur la digue du Break, il faut désormais passer par Mardyck. Le pont Charles de Gaulle à Partir de Dunkerque reste toujours levé.
– Pour en savoir plus sur ArcelorMittal : des pages françaises sur le site de Dunkerque
– Un excellent site illustré sur la sidérurgie de Dunkerque, du nord de la France et d’ailleurs
– Et pour terminer, le non moins excellent rapport d’activité « Dunkerque 2014 » dont la plupart des chiffres de cet article sont tirés.

Qu’est-ce qu’elle a ma Goele ?

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Quoi ! La Goele ? C’est juste un bateau ancien qui a une gueule formidable, choyée par une personne à l’image de son bateau ! Et c’est aussi une merveilleuse occasion d’évoquer les bateaux du patrimoine…

Consultez le dossier 5 : la Goele, bateau d’intérêt patrimonial, 

Longe côte : le carnaval des flots

Voici un dossier consacré à une des facettes de cette pratique inventée à Dunkerque. C’est aussi le récit d’une très belle rencontre. Et de premiers commentaires aussi touchants qu’encourageants. On en veut encore !

Le dossier et les commentaires se trouvent ici

Malo, reine du nord

Malo porte le nom du fils du dernier corsaire dunkerquois, qui fut à l’origine de la station. Certes, nous sommes déjà à Dunkerque. La station balnéaire de Malo est rattachée à cette ville depuis 1970, mais n’empêche ! Malo garde suffisamment de caractère et de prestige pour se donner, quand elle veut un petit air de principauté sans rocher. Prestige de sa bande de carnaval. Prestige de son « Kursaal ». Prestige enfin et surtout de sa magnifique plage. Sans oublier ses belles demeures tournées vers la mer…

Dans les Flandres, le carnaval reste une tradition bien présente. Mais c’est incontestablement à Dunkerque et dans son agglomération que se tiennent les plus fameuses « bandes », dont les dates fluctuent au gré du mardi gras. On remonte au XVIIème siècle pour observer que les armateurs organisaient une fête pour les pêcheurs avant leur départ pour six mois de campagne en Islande. On profitait aussi de l’occasion pour verser aux pêcheurs la moitié du salaire en acompte. La forme actuelle du carnaval serait ensuite façonnée par diverses circonstances. Le travestissement, par exemple, est survenu par l’arrivée des masques dans la fête un jour où celle-ci s’est déroulée le mardi gras. Les ombrelles, pour leur part, ont investi le carnaval une fois où la météo a fortement suggéré l’usage de parapluies. Et depuis elles y sont restées… Le point culminant de ces festivités dunkerquoises, qui s’étalent sur trois mois, se situe au moment des « Trois joyeuses », trois jours de pure folie et d’allégresse, qui débutent le dimanche précédent mardi gras avec la « Bande des pêcheurs » et son lancé de harengs du haut du beffroi de l’Hôtel de ville de Dunkerque. La bande de Malo, qui se tient le dimanche qui suit le mardi gras, est parfois appelée la « Quatrième Joyeuse  » en raison d’une popularité n’enviant rien à ces trois soeurs aînées. La bande de Malo est aussi réputée pour être familiale. Les enfants y prennent part. Si Malo est un haut lieu du Carnaval, c’est aussi en raison des bals les plus renommés qui s’y déroulent, grâce à l’existence de l’imposant Kursaal (terme désignant des salles de loisirs des Flandres). Le Kursaal est en bord de mer. Le Bal du chat noir ouvre la saison carnavalesque du Kursaal… Le Bal des corsaires, grandiose, est le plus populaire. Tous ces bals ont des finalités philanthropiques depuis leur origine. Le bal des corsaires, par exemple, pourvoit d’importantes sommes pour soigner les enfants dunkerquois malades et contribue à financer la Société Nationale de Sauvetage en Mer (la SNSM).

Mais le Kursaal n’est qu’une boîte et le Carnaval, un roi bien éphémère… Le vrai souverain des lieux reste bien la mer. Sa reine, c’est incontestablement la plage. D’ailleurs on la dit reine des plages du nord. Et ce qui marque le royaume de Malo, c’est la marée humaine, cour improbable occupant mer, sable et digue au moindre beau jour. La foule évolue à pied, en vélo, en petite foulée, en rollers, en char, sur une planche, en short, en combinaison de plongée, en maillot de bain, ou sans, avec pagaie, sans pagaie, ou encore une glace, une couque suisse, un verre ou une coquille de moule à la main… Il n’y a guère qu’un ou deux chiens négligemment tenus en laisse pour troubler la paisibilité d’un patchwork d’activités pour le moins impressionant, digne d’une scène de rue filmée sur la planète Tatooine. Nous assistons à ce mélange de sérénités déambulantes à Malo, quartier dunkerquois calmé par un puissant antalgique dont le principe actif serait constitué de la lumière solaire et du lent mouvement des flots. Un front de mer comptant quelques superbes villas répond à sa manière à la superposition des activités humaines et donne un vrai cachet à la station, pourtant frappée par la guerre. L’opération Dynamo y a même laissé des épaves.

Renseignements utiles : – La digue de Malo fait bien son kilomètre. Plage et digue sont très praticables. – Malo dispose de nombreux commerces pour se ravitailler, de bars, de restaurants et d’un excellent glacier italien. – Voici un blog riche de vues plus ou moins anciennes de Malo et de son architecture. Il faut cliquer sur les articles. – Et pour le carnaval… C’est très riche sur internet. Et il y a pas mal de bon… Qui peut me suggérer le meilleur ?

Les plages de Leffrinckoucke à Malo

Voir également le dossier thématique attaché : Le longe côte
Ainsi qu’un autre dossier : Le char à voile

C’est la quatrième sortie, nous voilà pour la première fois en pleine  journée et au soleil. Et un dimanche ! Le front de mer semble désert à Leffrinckoucke, commune « bipolaire  » dont la partie plage s’enchevêtre à celle de Malo-les-Bains.

 » Ca s’écrit vraiment comme ça ?! » C’est ce que demandent souvent les personnes n’étant pas du cru et n’ayant jamais mis les pieds dans les Flandres. C’est qu’à Leffrinckoucke (qui fut appelée aussi, « Leffringhehouc »), il n’y a pas si longtemps  qu’on y parlait flamand. Le site garde des traces d’occupation humaine depuis des siècles malgré l’ingratitude des lieux, et leur dépendance aux vicissitudes des envahisseurs et des flots. L’élévation du niveau de la mer a rompu le cordon dunaire littoral et inondé la plaine maritime pendant plusieurs siècles du Haut Moyen-Age. La « deuxième transgression dunkerquienne » ‘est le nom de cette remontée du niveau de la mer consécutive à un mouvement des fonds suivi de sédimentations. Par la suite, la mer s’est retirée (régression carolingienne) avant d’occuper à nouveau certains espaces (Dunkerquienne III). Bref, les gens ont du témoigner d’un grand courage non seulement en se protégeant de l’Anglais mais aussi en drainant, en canalisant, en implantant des dunes… L’obstacle économique ne nous empêcherait-il pas aujourd’hui d’en faire de même ? Si, très certainement…

Leffrinckoucke doit en tout cas son essor début XXème à l’installation d’un réseau de transport, à la création d’une belle plage et à l’installation de la première usine sidérurgique dunkerquoise, l’Usine des Dunes. La ville est dotée d’une place forte, le Fort des Dunes, qui joua un rôle de premier plan dans l’opération Dynamo de 1940 et dont la municipalité veut faire un « centre d’interprétation des grands conflits du XXème siècle« .

C’est en descendant sur la plage à la limite est de Leffrinckoucke que l’on se rend compte qu’une activité importante  participe par son mouvement de va et vient à créer le lien entre les deux bourgs. Cette activité réunit en même lieu les marcheurs, les longe-côte et surtout les chars à voile, dont la pratique a commencé non loin de là à Coxyde et la Panne, commune belge frontalière.

Il faut dire qu’ici, le sable est ferme comme il faut et l’estran est généreux. Avec un rien de brise, la marée basse et la saison qui l’est également (la vitesse des chars s’accomodant mal de la présence des vacanciers), les voiles mobiles se livrent à un manège gracile.

Renseignements utiles :
–  La plage de Leffrinckoucke est à une dizaine de kilomètres depuis la frontière belge. Un bus urbain (Dk’bus) y mène de  Dunkerque. Traversée du Camping du Perroquet  compris (voir article), compter 15 Km pour retourner à pied à Dunkerque.
– La Dune Dewulf constitue la troisième et dernière dune de Flandres. Les dunes de Flandres disposent d’un site de présentation didactique et de promenade, assez complet, une fois l’interface maîtrisée.
– Le Fort des Dunes est bien présenté sur le site de la municipalité.
– Un article  bien résumé de la Voix du Nord sur l’Usine des Dunes, installation visible à partir du point culminant de la Batterie de Leffrinckouke.

Le long de la Dune Marchand

« L’humanité aura le destin qu’elle mérite. »
Philosophie de blockhaus, slogan adéquat pour ciel bas… Et ici, le Nord comme les clichés l’imaginent, avec ses dunes, sa brume, ses traces de guerre, ses  anciens hôpitaux pour enfants tuberculeux… La victoire dans l’évacuation aussi ?  Dans le fond, nous ne sommes plus qu’à quelques pas du  théâtre des événements de la bataille de Dunkerque, dont les manuels scolaires ne nous ont certainement pas rabattu les oreilles… L’opération Dynamo (son nom de code) à consisté à évacuer en 9 jours plus de 300 000 soldats alliés en plein Blitzkrieg. Une prouesse héroïque saluée Outre-Manche mais qui fit quand-même dire à Churchill qu’on ne gagnerait pas beaucoup de guerres de cette manière. Ce qui était finement observé, mais il faut dire que Churchill était du métier. En attendant, en juin 40, ce devait être l’enfer. Et c’est peut-être cela qui inspira ces quelques mots d’accueil un peu déprimants. Allez ! On y va quand-même !

Et en fin de compte… Parti pour réaliser  d’une seule traite les 6 kilomètres qui séparent Bray-Dunes de Leffrinckoucke, aux portes de Dunkerque, il a fallu me raviser : deux courtes expéditions ont été nécessaires et pour cause. Malgré le temps, il en se passe pas dix minutes sans que le regard ne soit attiré par un graphe peint sur le béton ou quelque personnage tout affairé à sa passion.
La plage n’est ici qu’une succession de passe-temps dont on craindrait presque qu’ils soient en promiscuité, alors qu’ils cohabitent a priori sans heurts ni douleur.

La côte s’étalant des dunes de Flandres n’attend pas juillet pour déborder de vie.
Revue de ce patchwork étrange, qui se déroule sur une portion de littoral à la fois spacieuse et sur occupée…

Renseignements utiles :

– Promenade très facile. En cas de mauvais temps, possibilité d’en réaliser une grande partie par la Dune Marchand. Pas de commerce en chemin, prévoir donc le nécessaire à Bray-Dunes.
– Pour en savoir plus sur la Dune Marchand grâce aux Réserves Naturelles de France, la Dune Marchand étant réserve naturelle nationale.
– Le parcours longe également la Dune Dewulf
– Une bonne page pour connaître l’histoire de l’Hôpital maritime de Zuydcoote