Âme solitaire, esprit mélancolique, guetteur d’instants d’éternité… les Hemmes de Marck ont été étalées sur la Terre pour vous. Il faudra peut-être partager l’espace avec un cavalier ou un pilote de char à voile, probablement aussi avec un chasseur. Mais ce qu’il reste à chacun est immense. Une fois la dune franchie, c’est à peine si l’on distingue la mer nichée à 3 kilomètres, après les prés salés et les vasières qu’un large estran vient border.
Dans ce lieu, l’idée ne viendrait donc à personne de se croiser. Chacun à son affaire. Cela semble convenir à tout le monde.
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La succession de biotopes confère au site une fonction nourricière , notamment pour les oiseaux dits « limicoles« , autant qu’un refuge. Les chasseurs sont de ce fait très présents. Les volatiles sont abattus à proximité de huttes dans la la dune, ou encore à partir d’une hutte mobile – parfois dénommée cercueil – disposée sur la plage, et dans laquelle le chasseur se faufile et reste tapi en attendant la proie. On chasse enfin « à la botte », en marchant le long de la côte.
Et des bottes mieux vaut en avoir, que l’on soit chasseur ou pas. Par temps gris, on ne peut que conseiller de bien se vêtir. La sensation d’immensité renforce sans doute exagérément celle de froid.
Une fois habillé, bienvenue au carnaval des animaux…
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Ainsi donc, sur cette immense étendue on pratique le cheval, le char à voile… On ramasse aussi les coques. L’ancien terme calaisien pour les désigner, c’est les « huchettes ». Les huchettes sont enfouies dans la vases et on les déniche à l’aide d’un râteau.
Du haut de la dune, on peut apercevoir la succession de digues qui furent à l’origine du polder.
Enfin, plus très loin de Calais, dans un paysage presque irréel, le plus improbable encore, le phare de Walde, tient du mirage. Ce phare reclassé en feu, puis mis hors de fonction depuis 2001, borne l’horizon depuis 1859. C’est un des deniers vestiges de phare de construction métallique de notre littoral, que la Fédération Régionale pour la Culture et le Patrimoine Maritimes (FRCPM) fait classer comme monument historique pour le sauver d’une démolition qui eut été sans cela presque certaine.
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Un mirage que ce phare, disions nous… Presque une farce. Prévu comme il se doit d’orienter les navires, l’édifice serait responsable de plus d’un naufrage. Les carcasses alentour semblent l’attester. Mêmes les phoques viennent s’échouer à son pied, comme pour confirmer la véritable vocation de cette construction d’apparence chétive mais qui chemine tout doucement vers un bicentenaire d’expositions à l’eau, au sel, au vent.
Il fallait sans doute qu’existe un point paroxystique de ce type pour séparer la Manche et la Mer du Nord… Car c’est là, au phare de Walde, précisément, que la délimitation entre l’une et l’autre s’opère. Dans ce no man’s land où le temps est ralenti, comme à la fin d’un film fameux de Kubrick.
Dernière prise de souffle avant Calais…
Renseignements utiles
– Pour accéder au site, le mieux serait encore de joindre le coeur du hameau éponyme et de prendre la voie vers la dune qui dessert le club hippique et la base de char à voile.
– La plage s’étend sur plus de 7 kilomètres. Les bottes sont souvent indiquées. je m’en suis sorti avec de bonnes chaussures de marche. Mais j’ai bien louvoyé !
– Un peu plus d’indications sur le phare de Walde, sur le site des phares et feux de France. Et ici, un hommage de 1867 à cette construction plutôt insolite.