Dossier 6 – Les officiers de port

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Le Grand Port de Dunkerque est un théâtre fascinant dont les pièces et les décors changent comme le temps. Enfin, presque. A Dunkerque, en tout cas, au Port Est, le spectateur de la mer y voit presque sans gêne ce qu’on donne.
Mais il faut savoir qu’au ballet des navires préside ou répond une pléiade d’acteurs professionnels dont le profane suspecte au mieux l’existence.
On se doute bien qu’on n’entre pas dans un grand port tel que celui de Dunkerque comme dans un moulin. Mais comment ça se passe ?
Pour le savoir, apprêtons-nous a entrer dans un monde peuplé de marins particuliers… Ceux-là, en effet, restent sur terre. Mais qu’on ne se méprenne pas. Il ne s’agit pas de marins d’eau douce. C’est au contraire leur grande expérience de la mer qui les a conduits jusqu’à la vigie ou dans les bureaux de la capitainerie. Ce sont les officiers de port. Et ce sont eux, les chorégraphes du ballet.
Issus de la marine marchande ou de la Marine Nationale, ils veillent à l’entrée et à la sortie de tous les navires et à ce que tout se passe bien pour ces derniers comme pour la vie portuaire. Les officiers du port disposent pour cela de fonctions régaliennes leur permettant d’avoir la pleine autorité sur toute l’infrastructure. Certains seront en vigie pour superviser ces entrées et sorties. Ils seront pour cela assistés par des pilotes et par du personnel portuaire en charge des écluses.  D’autres ont la charge du placement des navires et des possibles problèmes de sécurité que ces derniers peuvent poser… D’autres encore seront attachés à différentes formalités et tâches à quai que nous détaillerons sans doute une autre fois.
Pour l’heure, nous serons guidés par le capitaine Pierre Trollé.

L’oeil du port : la vigie

Des postes vigies, on en trouve dans des dizaines de ports, même beaucoup plus modestes que Dunkerque. Ces édifices prennent des allures de pierre taillée, architecture précieuse, presque  hautaine, résolument tournée vers la mer, semblant ignorer le dédale portuaire, façon mépris des elfes pour les affaires des nains. Mais il n’en est rien. Car c’est la bienveillance pour chaque marin qui oblige la vigie à n’avoir d’yeux que pour les flots. A Dunkerque, deux vigies correspondent avec les bateaux et supervisent leur évolution aux abords et au sein du domaine portuaire. La vigie commande à l’instant la prise en charge du navire, son évolution dans les bassins, le passage aux écluses, jusqu’à l’arrivée au quai.

Cliquer sur la première image…

 

La vigie c’est donc l’endroit où se vit le moment présent et sa part d’imprévu. Il n’en reste pas moins que rien, dans l’absolu, ne s’improvise dans un grand port. Un cerveau pense à tout dans la capitainerie. Avant de découvrir ce sanctuaire de la pensée portuaire, il faut s’intéresser à ce qui peut être l’aspect le plus délicat du Port Est : ses écluses.

Le coeur et les artères : le PC des écluses.

Jacques Brel n’a pas cru si bien dire : ce n’est pas rien d’être éclusier ! Et encore moins quand on a la charge de surveiller dans le même temps l’évacuation de l’eau et la circulation des ponts. Sous la vigie (« les ordres d’en haut »), la régulation du trafic s’exécute par deux agents appuyés par un fameux appareillage d’écrans « synoptiques » permettant de d’apprécier tous ces lieux sensibles et de vérifier le bon déroulement des manoeuvres de plus d’une vingtaine de point critiques.

Cliquer ici pour découvrir le PC.

Brel avait raison. Mais le métier n’a plus rien à voir avec la chanson. On n’a pas le temps d’aller cueillir  les pommes.

Et c’est au placement qu’est le cerveau

Car c’est ici, au coeur de la capitainerie, que se préparent tous les mouvements des navires. « Ecoutez, je n’en sais rien… Ben tiens, mettez-le là ! »  n’est pas vraiment une réflexion autorisée dans ce bureau. C’est peut-être même la meilleure façon de prendre la porte.  Tout s’anticipe au placement : le temps qu’attend le bateau attend en zone de mouillage, le moment et la manière dont celui-ci va entrer sortir, évoluer, se placer à quai selon les conditions du moment et les règlement locaux. Tout est pensé, calculé à l’avance. Des officiers s’occuperont plus spécialement des problématiques de sécurité dans les bateaux.

Cliquer sur la première image pour voir un cerveau portuaire

Pour terminer, je voudrais rendre hommage à Pierre Trollé homme de terrain autant passionné qu’il est qualifié. Comme la plupart des officiers du port, Pierre a d’abord servi dans la marine marchande. Après 20 ans d’équipage Pierre passe son brevet d’officier, puis le concours de capitaine lui permettant de devenir fonctionnaire d’Etat détaché aux ports de Boulogne pendant 6 ans, puis de Dunkerque, depuis 15 ans. Après 3 ans de vigie, Pierre passe au placement des bateaux et ce faisant, au contact d’interlocuteurs variés, jusqu’aux plaisanciers quand ces derniers organisent une manifestation dans le port… Son sens du partage appelle notre entière gratitude.

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Merci, Pierre !

Renseignements utiles :
– La carte du port permet de repérer les bassins, les quais et les écluses citées.
– Pour découvrir le port, le site de Dunkerque Grand Port présente ce qu’il s’y passe efficacement. Idem pour tous les termes « portuaires » du glossaire, très sympa !
– Les Affaires maritimes interviennent également sur les questions touchant à la marine marchande.

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